Un mois seulement après les élections législatives belges, le dirigeant flamand Bart De Wever, président de l’Alliance néoflamande (N-VA), a été nommé « formateur » du gouvernement fédéral par le chef de l’Etat, le roi Philippe, mercredi 10 juillet. A l’aune de l’histoire récente de la Belgique, célèbre par la longueur de ses crises politiques – dont celle qui dura cinq cent quarante et un jours, en 2010-2011 –, la performance est inédite. Elle pourrait conduire à l’accession du nationaliste flamand à la tête du gouvernement fédéral : le formateur ne devient pas toujours le chef du gouvernement, mais un accord tacite semble se dessiner entre les partis présents à la table des négociations pour permettre à M. De Wever d’accéder à cette fonction.
Cinq formations devraient faire partie de la nouvelle coalition, déjà baptisée « Arizona », en référence aux quatre couleurs du drapeau de cet Etat américain : outre le jaune qui symbolise la N-VA, le bleu est celui du Mouvement réformateur (MR, libéral francophone), l’orange celui des partis centristes Chrétiens démocrates et flamands (CD&V) et des Engagés (francophones), le rouge celui du Parti socialiste néerlandophone, Vooruit. Ce dernier, qui s’est désolidarisé de son homologue francophone, le PS, a été le plus difficile à convaincre d’embarquer dans une possible majorité.
Mardi 9 juillet, il a toutefois accepté le principe de discussions visant non pas, prévient-il, à mettre en place une coalition de centre droit, mais « un gouvernement de relance socio-économique ». Une manière d’apaiser une partie de sa base et les syndicats. Ses 16 sièges à la Chambre des représentants seront, en tout cas, indispensables pour assurer à la coalition une majorité suffisante : sans lui, elle ne regrouperait que 68 élus sur 150.
S’il voit le jour « rapidement », à savoir en septembre comme l’espère M. De Wever, le gouvernement qui succédera à celui du libéral Alexander De Croo devra d’abord affronter une situation budgétaire délicate. En 2023, le royaume était le pays le plus endetté de l’Union européenne, hormis la Slovaquie. Cela lui a valu les remontrances de la Commission européenne et du Fonds monétaire international. Il devrait donc économiser une trentaine de milliards d’euros d’ici à la fin de la décennie pour redresser ses finances publiques. Un accord semble se faire sur ce point. Les régions wallonne et bruxelloise, dont le niveau d’endettement croît rapidement, seront, elles aussi, contraintes de passer par une phase d’austérité.