Si vous pensiez que la fonction de volontaire des Jeux de Paris 2024 s’était arrêtée à la cérémonie de clôture des Paralympiques, le 8 septembre dernier, détrompez-vous. « Ça nous colle à la peau pour le reste de nos jours », explique Amandine Guillaume, 36 ans, équipière au service des athlètes pour le judo et la lutte, qui a conservé précieusement l’attirail de bénévole.
Un an après, impossible de passer sans réagir à côté d’un sac estampillé des anneaux olympiques au supermarché, d’une marinière bleu foncé et turquoise lors d’une sortie de course à pied ou d’un bob bariolé sur la plage. Dans les rues de la capitale, à Bordeaux, Lille et même hors des frontières françaises, les bénévoles sont immédiatement repérés.
– Quelle division ?
– Champ de Mars, équipe logistique.
A la manière des anciens combattants, on se salue d’un signe de tête ou d’un sourire. Sur le poitrail, une farandole de pin’s témoigne des états de service : « Hockey sur gazon, Australie-Afrique du Sud, j’y étais. » La coquetterie protocolaire n’en est pas une, tant l’événement a marqué durablement ces petites mains au cœur du réacteur.
« On avait l’impression de vivre la grande histoire du sport depuis l’intérieur, l’ambiance était géniale », ajoute Amandine Guillaume. La professeure d’EPS garde notamment en mémoire cette longue discussion avec le père du judoka Teddy Riner, stressé avant la finale individuelle de son fils.
La présence discrète et joyeuse de ces 45 000 volontaires, dont un tiers sont des licenciés de clubs sportifs, en a tôt fait les chouchous du public et des athlètes : « Un an après les Jeux olympiques, j’ai profondément envie de remercier les bénévoles, ils étaient aux petits soins pour nous », relevait d’ailleurs le quintuple médaillé d’or olympique de judo, auprès du Monde.
Mobilisés sur les sites de compétition, au village des athlètes, au centre des médias, sur les sites d’entraînement ou encore dans les gares et aéroports, ces derniers ont été des rouages essentiels à la réussite de l’évènement.
Comme pour les sportifs, une fois la flamme éteinte, certains d’entre eux ont eu le « blues ». « On appelle ça la JO-stalgie », expose dans un rire Amandine Guillaume, qui ambitionne de reprendre du service « pour Los Angeles [en 2028] ou même avant, pour les Jeux d’hiver [de Milan-Cortina en 2026] ! »
Pour déjouer le vide laissé par Paris 2024 et prolonger la magie, certains volontaires se sont même structurés en association. Anne Barthaux, affectée au protocole à Roissy pendant les JO puis cheffe d’équipe presse au Stade de France, lors des Paralympiques, a ainsi contribué au développement d’un groupe de volontaires à Bordeaux : « Tous les mois, on se retrouve. On parle des Jeux, on va au restaurant en uniforme, et peu à peu de véritables amitiés se sont créées. »
Même dynamique pour Katy Grignon, 52 ans, commerciale dans l’agroalimentaire, qui a participé à la création de l’association des volontaires de Paris 2024 : « Aujourd’hui, on est à 60 missions de volontariat. En mars, par exemple, j’ai fait les championnats de France de boxe ! »
Un élan positif pour le sport français, dont le modèle repose très majoritairement sur le bénévolat, en recul depuis plusieurs années. « J’ai continué le bénévolat, y compris autour du sport, alors que ce n’était pas mon domaine avant », relève ainsi Yvette Gilbert, 70 ans, ancienne directrice de médiathèque.
Pour souffler la première bougie des Jeux de Paris, près de 400 volontaires avaient prévu de se rassembler, samedi 26 juillet, à La Villette, pour un pique-nique géant « en uniforme ». « J’emporte les pin’s pour échanger comme à la belle époque », s’enthousiasmait Thierry Goulet sur le groupe Facebook Volontaires Paris 2024.
Une façon de prolonger l’esprit olympique, mais aussi les fonctions initiales de la panoplie imaginée par Decathlon dans le cadre de son partenariat avec Paris 2024. « Le pantalon est pratique et ça fait sourire mes élèves en cours d’EPS, alors je le porte encore très régulièrement », expose Amandine Guillaume, qui a donné le reste de la panoplie à ses filles. De quoi faire rayonner encore longtemps la flamme des Jeux 2024.