Israël, sous une pression internationale croissante pour débloquer l’entrée de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza affamée, a annoncé, samedi 26 juillet, la reprise immédiate des parachutages sur le territoire, auxquels le Royaume-Uni et les Emirats arabes unis se sont dits prêts à participer.
L’armée israélienne a dit, dans la nuit de samedi à dimanche, avoir effectué un premier largage, dans un communiqué qui a été diffusé sur Telegram. « Le parachutage, mené en coordination avec des organisations internationales et dirigé par le Cogat [un organisme du ministère de la défense israélien], comprenait sept lots d’aide contenant de la farine, du sucre et des conserves », a-t-elle déclaré.
Israël, qui assiège la bande de Gaza depuis le début de la guerre contre le Hamas le 7 octobre 2023, avait imposé début mars un blocus hermétique au territoire, très partiellement assoupli fin mai, qui entraîne de très graves pénuries de nourriture et de biens de première nécessité. Les Nations unies (ONU) et des organisations non gouvernementales (ONG) s’alarment à présent d’une flambée de la malnutrition infantile et d’un risque de famine généralisée parmi ses plus de deux millions d’habitants.
Face à cette urgence et pressée notamment par Paris, Berlin et Londres de « lever immédiatement les restrictions sur l’acheminement de l’aide », l’armée israélienne a précisé qu’elle mettrait en place des couloirs humanitaires pour assurer le passage sécurisé des convois de nourriture et de médicaments de l’ONU.
Cette méthode, déjà mise en œuvre en 2024 notamment par les Emirats arabes unis, la Jordanie et la France, avait été décriée par nombre de responsables humanitaires, qui l’avaient jugée dangereuse et d’une portée limitée, soulignant qu’elle ne pouvait se substituer à la voie d’acheminement terrestre.
Samedi, le Royaume-Uni a annoncé se préparer à larguer de l’aide et à évacuer des « enfants ayant besoin d’une assistance médicale », en collaboration avec « des partenaires tels que la Jordanie ». Les Emirats arabes unis ont pour leur part déclaré qu’ils reprenaient « immédiatement » les parachutages.
Le chef de l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), Philippe Lazzarini, a estimé, samedi, que la reprise des parachutages constituait une réponse « inefficace » à la catastrophe humanitaire en cours. « Les largages aériens ne mettront pas fin à la famine qui s’aggrave. Ils sont coûteux, inefficaces et peuvent même tuer des civils affamés », a-t-il déclaré.
« Nous ne pouvons pas accepter que les populations, et des enfants en grand nombre, meurent de faim », a déclaré dans un communiqué Emmanuel Macron, après un échange avec son homologue égyptien, Abdel Fattah Al-Sissi. Selon le président français, une conférence, lundi et mardi au siège de l’ONU, à New York « doit ouvrir une nouvelle dynamique en faveur d’un règlement juste et durable du conflit israélo-palestinien, sur la base des deux Etats, seule solution à même de garantir la paix et la sécurité pour tous dans la région ».
Samedi, le Handala, un navire de militants propalestiniens chargé d’aide en direction de la bande de Gaza a été arraisonné par l’armée israélienne au moment où il se rapprochait des côtes de l’enclave, dans l’intention d’y accoster, dimanche.
Des soldats israéliens sont montés à bord de ce bateau exploité par le mouvement propalestinien Flottille pour la liberté, pour en prendre le contrôle selon une retransmission en direct diffusée par le groupe. « Le navire se trouvait dans les eaux internationales, à moins de sept heures de Gaza, a annoncé sur X la députée (La France insoumise) du Val-d’Oise, Gabrielle Cathala, qui se trouvait à bord. Un soldat vient de détruire la caméra du direct. »
« La marine israélienne a empêché le navire Navarn [son nom d’origine] d’entrer illégalement dans la zone maritime au large de la côte de Gaza. Il fait route en toute sécurité vers les côtes d’Israël », a annoncé le ministère des affaires étrangères israélien sur X, assurant que « tous les passagers sont en sécurité ».
Samedi, la défense civile de Gaza a annoncé la mort de quarante personnes, notamment dans des frappes israéliennes sur la ville de Gaza, dans le nord, dans le secteur de Khan Younès, dans le sud, et dans le camp de Nousseirat, dans le centre de l’enclave. Selon cette organisation de secouristes, quatorze personnes ont été tuées par des tirs israéliens alors qu’elles attendaient de l’aide humanitaire en différents lieux du territoire, dont l’une tuée quand les soldats ont ouvert le feu sur un groupe de civils réunis au nord-ouest de Gaza-ville.
Des témoins ont affirmé à l’Agence France-Presse (AFP) que plusieurs milliers de personnes s’étaient alors rassemblées dans cette zone. L’un d’eux, Abou Samir Hamoudeh, 42 ans, a déclaré que l’armée avait ouvert le feu « lorsque les gens ont tenté de s’approcher du point de distribution » situé près d’un poste militaire.
L’armée israélienne a, elle, assuré à l’AFP que les soldats avaient procédé à des « tirs d’avertissement » après avoir identifié une « menace immédiate ». Les restrictions imposées aux médias par l’Etat hébreu et les difficultés d’accès à plusieurs zones empêchent l’AFP de vérifier de manière indépendante les informations des différentes parties.
En Israël, des proches de la cinquantaine d’otages, morts ou vivants, encore retenus à Gaza, ont une nouvelle fois manifesté, samedi à Tel-Aviv, pour réclamer la fin de la guerre et un accord permettant le retour de leurs proches.