Jeudi 15 mai 2025, 17 h 30. Depuis le quartier d’isolement de la prison de Réau, en Seine-et-Marne, Saïd (son prénom a été modifié) entame l’écriture d’un journal. Il inscrit le jour, l’heure, et quelques mots sur sa journée rythmée par le vide. Là, il rentre d’une « promenade », seul dans une cour de quelques mètres carrés, et trouve la directrice, un officier et cinq surveillants devant sa cellule, qu’ils viennent de fouiller. « Les caleçons, chaussettes etc sont comptés. Une première en détention. Chaque mois, une nouvelle circulaire en notre défaveur. »
D’une plume ronde plus ou moins hésitante selon les jours, le quinquagénaire, qui est tombé pour trafic de stupéfiants, raconte son quotidien au « QI », le quartier d’isolement. Après neuf ans de détention « ordinaire », il y a été placé en janvier, après la découverte d’un téléphone dans sa cellule.
Vendredi 16 mai. 7 h 15. « Je nourris mes nouveaux amis les oiseaux. »
Même jour. 21 h 10. « Je regardais le MMA [Mixed Martial Arts] sur Canal+, mon voisin, qui est en pleine dépression pour les fouilles abusives, brûle dans sa cellule. J’étais en panique car la fumée est rentrée chez moi. Je me suis mis sous le lit avec une serviette mouillée, plus de trente minutes après le directeur rentre avec un pompier. C’était la pire peur de ma vie, je croyais que j’allais mourir dans ces conditions-là. »