Au moins trois personnes ont été tuées tandis que la police a procédé à plus d’un millier d’arrestations lors d’une deuxième journée de pillage et de protestation en Angola, mardi 29 juillet, en marge d’une grève des taxis contre une hausse des prix du carburant.

La décision du gouvernement d’augmenter les prix des carburants fortement subventionnés de 300 à 400 kwanzas (de 0,28 à 0,38 euro) par litre en juillet a provoqué un vif mécontentement dans le pays d’Afrique australe, deuxième producteur africain de pétrole après le Nigeria, mais où de nombreuses personnes vivent dans la pauvreté.

Dans la capitale, Luanda, les pillages n’ont pas cessé malgré la fermeture des magasins. Des coups de feu ont notamment été entendus dans le quartier de Cazenga, dans le centre, où des personnes ont été vues en train de voler de la nourriture et d’autres articles dans les magasins, selon un journaliste de l’Agence France-Presse (AFP).

La chaîne de télévision locale Nzinga a montré mardi des femmes pleurant près d’un corps dans une rue de ce quartier. Aucun détail sur les circonstances de sa mort n’était immédiatement disponible. Dans la même zone, un jeune homme a été tué près d’un supermarché, apparemment par une balle perdue, selon un journaliste de l’AFP.

La police a déclaré mardi soir qu’un officier de police avait été tué dans la province d’Icolo e Bengo, non loin de Luanda. « Nous avons arrêté 1 214 suspects », a déclaré le commissaire adjoint, Mateus Rodrigues, lors d’un point de presse mardi soir, ajoutant que ce nombre était susceptible d’augmenter à mesure que « les enquêtes se poursuivent ».

La police avait annoncé mardi matin que quatre personnes avaient été tuées lors des troubles de lundi, mais n’a pas mentionné d’autres victimes civiles lors de son point de presse en soirée. Le bilan serait donc de sept morts en deux jours. « La situation sécuritaire est considérée comme stable », a indiqué M. Rodrigues.

Dans ce pays lusophone d’une trentaine de millions d’habitants, l’inflation est très élevée et a approché les 20 % en juin, tandis que le taux de chômage a atteint presque 30 %, selon l’autorité nationale des statistiques.

« Nous sommes fatigués. Ils doivent annoncer quelque chose pour que les choses changent (…) pour que nous puissions vivre dans de meilleures conditions », a indiqué mardi un manifestant à la chaîne TV Nzinga. « Pourquoi nous faites-vous souffrir ainsi ? Comment nourrirons-nous nos enfants ? Les prix doivent baisser », a insisté une femme, en s’adressant au président Joao Lourenço.

Les troubles se sont étendus à l’intérieur du pays. Un journaliste de la ville de Huambo, située à quelque 600 kilomètres de Luanda, a indiqué qu’il y avait également eu des pillages et des émeutes. Des manifestations et des violences ont également été signalées, selon des images sur les réseaux sociaux, dans la ville côtière de Benguela, à environ 600 kilomètres au sud de Luanda, et la police a été déployée.

L’association Anata, représentant les chauffeurs de taxi, a pris ses distances avec les violences, mais a confirmé la poursuite de la grève décrétée pour trois jours. Les médias locaux ont rapporté que les forces de sécurité avaient utilisé des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc pour disperser la foule.

Human Rights Watch a dénoncé l’usage excessif de la force par la police lors de la manifestation du 12 juillet, notamment en tirant des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc. Dans une déclaration conjointe lundi, des groupes de la société civile ont condamné l’arrestation le 19 juillet de l’un des organisateurs des manifestations, Osvaldo Sergio Correia Caholo, « victime de l’oppression en Angola, où les droits et libertés fondamentales sont constamment bafoués ».

Les manifestations constituent une « conséquence directe » de l’incapacité du gouvernement à résoudre les problèmes de chômage, les coûts de la vie élevés et le déclin des services publics, a déclaré l’un d’entre eux, le groupe Uyele. Il est « urgent de comprendre que nous sommes confrontés à un symptôme grave : l’épuisement social d’une jeunesse sans alternatives », a-t-il expliqué dans un communiqué.

Le Mouvement populaire de libération de l’Angola (MPLA) du président Lourenço dirige le pays depuis son indépendance du Portugal en 1975. Malgré ses vastes ressources pétrolières, l’Angola demeure l’un des pays les plus pauvres du monde.

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