Tandem artistique de leur vivant, le couturier Paul Poiret (1879-1944) et l’illustrateur Raoul Dufy (1877-1953) font l’objet de deux hommages simultanés. Le Musée des arts décoratifs, à Paris, donne une rétrospective appliquée sur Poiret jusqu’au 11 janvier 2026, tandis que La Banque, Musée des cultures et du paysage d’Hyères (Var), remet en lumière, jusqu’au 16 novembre, les motifs sur textile de Dufy.
L’occasion de revenir sur l’apport de ce peintre, maître des motifs répétitifs chamarrés, tendres et gais, à la mode. Fleurs, scènes de vie, bestiaire orientaliste, mythologie grecque ou constructions géométriques, « son approche d’ornementiste frôlait l’abstraction lyrique, contextualise le commissaire de l’exposition et directeur de La Banque, Franck Mei. Dufy fut d’abord influencé par l’impressionnisme, il a ensuite absorbé le fauvisme, mais n’a jamais sauté le pas du cubisme, qui était manifestement trop rigoureux et austère pour convenir à son style ».
En tombant sur les superbes gravures sur bois que Raoul Dufy signe pour illustrer en 1911 Le Bestiaire ou Cortège d’Orphée, de Guillaume Apollinaire, Paul Poiret, qui l’a rencontré l’année précédente, incite ce sympathique gaucher aux airs de Petit Prince à pactiser avec lui. « Mon mari était las de tout ce que les grandes maisons de lainages et de soieries faisaient », raconte Denise Poiret, la veuve du couturier, sur l’ORTF en 1974. Quoi de mieux pour donner un coup de frais que de proposer à des peintres amis, de Marie Laurencin à Bernard Naudin ou Maurice de Vlaminck, de contribuer à sa mode décorative ?