A l’été 1977, Alan Gleason, un jeune Américain fraîchement débarqué à Tokyo, se rend à vélo dans une grande maison louée par une bande d’étudiants japonais et étrangers, « des jeunes hippies dans leur vingtaine », comme lui, qu’il vient de rencontrer. Ayant quitté la fac aux Etats-Unis et sans plan de carrière, il a décidé de revenir là où il a passé une partie de son enfance et d’étudier la musique traditionnelle japonaise.
En franchissant le seuil, il entend du bruit à l’étage. « Ils étaient affairés autour d’une longue table. Ils tenaient un manga et ils essayaient de traduire les bulles de dialogue. L’un d’eux, un Américain, me demande si je parle anglais. J’acquiesce et il me dit “on a besoin de ton aide, on doit éditer et vérifier la précision du lettrage. Allez, dépêche-toi” », raconte au Monde celui que cette lecture va fortement « impressionner ».
C’est ainsi qu’Alan Gleason, traducteur, est devenu une cheville ouvrière du « Gen Project », une vaste entreprise lancée par Masahiro Ooshima pour traduire le manga Gen d’Hiroshima, de Keiji Nakazawa, et le faire connaître aux Etats-Unis.