Une saison pour Ludovic de Saint Sernin chez Ann Demeulemeester, deux pour Peter Hawkins chez Tom Ford, trois pour Peter Do chez Helmut Lang… Même dans une industrie où, désormais, les créateurs valsent à vive allure, voir un directeur artistique débarqué après moins de deux ans rime avec greffe ratée. L’exception à cette règle se nomme Louise Trotter. En décembre 2024, après seulement trois défilés très réussis pour Carven, élégante coquille vide qu’elle a remise sur orbite, la Britannique a été promue à la tête de Bottega Veneta, succédant à Matthieu Blazy, nommé à la direction artistique de Chanel.

Louise Trotter « trouve ici une sortie par le haut », synthétise un chasseur de têtes qui la connaît. Chez Carven, maison française créée en 1945 par Carmen de Tommaso (1909-2015) et rachetée par le groupe chinois ICCF en 2018, « elle a voulu croire qu’elle pourrait s’épanouir mais, à la fin, elle n’avait plus les moyens suffisants pour développer sa vision », glisse un proche collaborateur souhaitant garder l’anonymat, évoquant lenteurs dans la production et budgets de plus en plus restreints.