Nos conseils de lectures : « Chroniques de New York », « Pleurer au supermarché », « Le Chant de la rivière »…

Nos conseils de lectures : « Chroniques de New York », « Pleurer au supermarché », « Le Chant de la rivière »…

Le Monde des livres vous emmène dans des lieux insolites, mondains et secrets : le vieux New York conformiste de 1905 qu’Edith Wharton saisit avant qu’il ne s’évanouisse ; les supermarchés H Mart des banlieues américaines, étonnamment propices au recueillement de Michelle Zauner ; le mystérieux cours d’eau alpin témoin des amours queer de Clara et Meni, qui permet à Wendy Delorme de revisiter la pastorale ; et Tunis, creuset d’une culture de la confidence, dont Marie Nimier nous offre de nombreux témoignages. Enfin, Jean Starobinski explore la pensée de Montesquieu sur l’évolution des civilisations, d’origine ni divine ni naturelle.

CLASSIQUES. « Chroniques de New York. Romans, nouvelles », d’Edith Wharton

Avec Chroniques de New York, Edith Wharton (1862-1937) entre aujourd’hui dans la collection « Quarto » : l’occasion de redécouvrir certains de ses grands romans, tels L’Age de l’innocence (1920) ou Les Beaux Mariages (1913), et les nouvelles de Vieux New York (1924). Mais la vraie nouveauté de ce volume est la retraduction, par le grand américaniste Marc Chénetier, du roman The House of Mirth (1905), connu jusqu’à présent en France sous le titre Chez les heureux du monde (Plon, 1908). « The house of mirth » est une expression issue de la Bible du roi Jacques (Ecclésiaste, 7, 4) : « Le cœur des sages est dans la maison de deuil, et le cœur des insensés dans la maison de liesse [“mirth”]. » Il a gardé en titre La Maison de liesse pour désigner New York, cette vaste foire aux vanités où s’ébattent des fous.

En satiriste cinglante, l’écrivaine ne se contente pas d’exhiber un microcosme englué dans le conservatisme. Elle ne se contente pas non plus, en féministe affirmée, de peindre les inoubliables portraits de ces femmes dont les élans vers la liberté finissent broyés par le conformisme de leur entourage. Ce vieux New York, elle le saisit en dynamique, au moment précis où il se raidit et serre les rangs parce qu’il sent qu’il pourrait – qu’il va ? – disparaître. Edith Wharton avait songé à intituler « Disintegration » sa Maison de liesse. Elle a finalement renoncé. Pourtant, dans tous les romans et nouvelles ici réunis, c’est bien ce qu’elle saisit le mieux : cette inéluctable mécanique de la désintégration. Fl. N.

RÉCIT. « Pleurer au supermarché », de Michelle Zauner

Certains vont se recueillir dans des églises. Michelle Zauner, elle, préfère les supermarchés de la chaîne H Mart. Installés dans les périphéries d’agglomérations américaines, ils donnent accès à une large variété de produits coréens. Dans ces magasins, tout lui rappelle sa mère, Chongmi, morte d’un cancer à l’âge de 56 ans, en 2014. Pleurer au supermarché, le premier livre de l’autrice, née en 1989, est un récit de deuil et l’évocation d’une relation mère-fille complexe qui entrait tout juste dans une phase plus apaisée quand s’est déclarée la maladie de Chongmi.

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