Le Feuilleton des Jeux d’Olympie
de Murielle Szac (textes) et Olivier Balez (illustrations)
Bayard éditions, 96 p., 13,90 €
À partir de 8 ans
À plus de vingt ans, Crissias, aîné d’une riche famille du Péloponnèse, cherche un sens à sa vie lorsqu’il est tiré au sort pour devenir hellanodice, autrement dit juge arbitre pour la prochaine session des Jeux d’Olympie. Pendant dix mois, il va suivre l’entraînement des équipes afin de sélectionner les meilleurs athlètes pour le tournoi final. Le jeune homme, rêveur et indolent, saura-t-il rester impartial face aux pressions ?
Conteuse hors pair, Murielle Szac fait planer le suspens et rend attachant le personnage central de son nouveau feuilleton. Après les dieux et déesses de la mythologie (d’Hermès à Artémis), dont les aventures ont captivé plus de 500 000 lecteurs, l’autrice chemine en compagnie d’un simple mortel dans l’univers de l’olympisme, à la découverte de ses règles et rituels.
Le texte est, à l’origine, le fruit d’une commande de la Maison de la culture de Grenoble, qui a réuni dix comédiens professionnels et soixante-dix amateurs d’horizons divers : des collégiens et lycéens mais aussi des mineurs incarcérés à la maison d’arrêt de Grenoble et des jeunes atteints de handicap. « Il s’agissait d’écrire un mini-feuilleton autour des jeux antiques, tout en abordant les valeurs contemporaines de respect des minorités, d’égalité des droits et des genres », souligne Murielle Szac, ravie que les deux représentations sur scène aient fait salle comble en juin.
Comme à l’accoutumée, l’autrice a puisé dans sa connaissance du monde antique et dans une documentation fournie pour « tricoter » un récit riche en rebondissements et joliment mis en valeur par les illustrations stylisées d’Olivier Balez. Les personnages historiques, comme Kallitira, cette mère déguisée en homme pour entraîner ses fils et qui a été démasquée dans l’enceinte sacrée, interdite aux femmes mariées, côtoient des créatures mythologiques, comme le centaure Chiron.
Célébration vibrante des « vraies » valeurs olympiques – fraternité, partage –, ce roman d’apprentissage invite à poser un regard critique sur la compétition à outrance, où l’on écrase l’autre pour remporter la victoire. Les cas de conscience de Crissias ouvrent le débat sur les notions de loyauté, de tricherie, de déshonneur…
Ce feuilleton rappelle aussi l’existence de la « trêve olympique », où l’on déposait les armes. Un répit dont on rêve aujourd’hui.