Des drones non identifiés ont été observés au-dessus de la plus grande base militaire du Danemark vendredi 26 septembre au soir, a annoncé, samedi, la police, après plusieurs survols d’aéroports survenus cette semaine dans le pays nordique.

« Je peux confirmer que nous avons eu un incident vers 20 h 15 qui a duré plusieurs heures. Un ou deux drones ont été observés à l’extérieur et au-dessus de la base aérienne » de Karup, a déclaré l’officier de police Simon Skelsjaer à l’Agence France-Presse (AFP). « Nous ne les avons pas abattus », a-t-il expliqué, précisant que la police ne pouvait émettre de commentaire sur l’origine de ces drones. La police coopère avec l’armée dans le cadre de son enquête, a-t-il ajouté.

La base de Karup partage ses pistes avec l’aéroport de Midtjylland, qui a été brièvement fermé, mais aucun vol n’a été affecté car aucun vol commercial n’était prévu, a dit M. Skelsjaer.

La première ministre danoise, Mette Frederiksen, avait affirmé, jeudi, que le Danemark avait été victime d’« attaques hybrides » ces derniers jours, faisant référence à une forme de guerre non conventionnelle. Les enquêteurs n’ont pas réussi à identifier pour le moment les responsables, mais le ministre de la défense danois, Troels Lund Poulsen, a déclaré jeudi que ces vols semblaient être « l’œuvre d’un acteur professionnel ». Mme Frederiksen a, elle, accusé la Russie. « Il y a un pays qui représente une menace pour la sécurité de l’Europe, et c’est la Russie », a-t-elle dit.

Moscou a rejeté « fermement » jeudi toute implication dans les incidents danois. Son ambassade à Copenhague les a qualifiés de « provocations mises en scène » dans un message publié sur les réseaux sociaux. Le ministre de la justice danois, Peter Hummelgaard, a estimé en début de semaine que l’objectif de ces attaques était « de semer la peur, de créer des divisions et de nous effrayer ».

Ces incidents surviennent une semaine après l’annonce par le Danemark de l’acquisition, pour la première fois, d’armes de précision à longue portée pour pouvoir frapper des cibles lointaines, jugeant que la Russie représenterait une menace « pour les années à venir ». M. Hummelgaard a déclaré que Copenhague allait également acquérir de nouvelles capacités de détection et de neutralisation de drones.

Les ministres de la défense d’une dizaine de pays de l’Union européenne ont convenu vendredi de faire de la mise en place d’un « mur antidrones » une priorité. Le commissaire européen à la défense, Andrius Kubilius, a appelé l’Europe à tirer les leçons du conflit en Ukraine et mettre rapidement en place des défenses antidrones. « Nous devons agir rapidement », a dit M. Kubilius. « Et nous devons agir en tirant toutes les leçons de l’Ukraine et en construisant ce mur antidrones ensemble avec l’Ukraine. » La Commission européenne a déclaré son « plein soutien au Danemark ».

Le président letton, Edgars Rinkevics, a fait écho samedi à la Lituanie en exhortant l’OTAN à renforcer sa protection des États baltes face à ce qu’il considère comme des violations par la Russie de l’espace aérien de l’Alliance atlantique. Copenhague accueillera mercredi et jeudi un sommet européen réunissant les chefs de gouvernement. Vendredi, la capitale danoise a annoncé avoir accepté l’offre de la Suède de fournir sa technologie antidrones afin de garantir le bon déroulement de la réunion.

De son côté, l’Allemagne va autoriser ses forces armées à abattre des drones en cas d’intrusion sur son territoire, a déclaré samedi le ministre de l’intérieur, Alexander Dobrindt, après qu’un « essaim » d’appareils d’origine inconnue a été repéré la veille au-dessus du Land de Schleswig-Holstein, frontalier du Danemark.

Il a souligné que si des intrusions de drones avaient été repérées précédemment en Allemagne, c’était la première fois qu’il s’agissait d’un « essaim ». Il n’a pas donné de détails sur les sites survolés par les drones ni sur leur origine présumée, mais l’Allemagne a accusé la Russie à de nombreuses reprises de mener des missions d’espionnage, de sabotage et de surveillance sur son territoire. « Nous observons une menace hybride constante », a déclaré M. Dobrindt, reprenant le terme désignant la mise en œuvre de moyens de déstabilisation par un Etat hostile.

Le ministre de l’intérieur a confirmé samedi avoir l’intention d’obtenir la modification des règles de sécurité aérienne pour que les forces armées soient autorisées à « abattre les drones ». « Ce que nous voyons est une course aux armements, entre la menace que constituent les drones et la défense contre les drones. Nous devons nous y préparer », a-t-il dit.

Le tabloïd allemand Bild a affirmé samedi, citant un rapport officiel, que l’autorisation d’abattre des drones ne serait donnée aux forces armées que dans le cas où ils présenteraient un danger pour des personnes ou des infrastructures d’importance critique.

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