Les Etats-Unis ont révoqué le visa du président colombien, qui est rentré samedi 27 septembre à Bogota, après avoir été accusé par le département d’Etat américain d’« actions téméraires et incendiaires » lors d’une manifestation pour Gaza à New York.

« Plus tôt dans la journée, le président colombien @petrogustavo s’est tenu dans une rue de New York et a exhorté les soldats américains à désobéir aux ordres et il a incité à la violence. Nous allons révoquer le visa de Petro », a écrit le département d’Etat sur le réseau social X.

M. Petro, qui se trouvait à New York pour participer à l’Assemblée générale des Nations unies (ONU), a participé, vendredi, à une manifestation pour Gaza dans la ville au côté du musicien britannique Roger Waters. Des vidéos diffusées par les médias ont montré le président colombien de gauche appeler, par haut-parleur, à la création d’une « armée de sauvetage du monde qui aura pour première tâche de libérer la Palestine ».

« Les nations du monde apporteront alors des hommes et des femmes entraînés et armés pour former cette grande armée. Elle doit être plus grande que celle des Etats-Unis », a poursuivi M. Petro, dont le pays a rompu avec Israël en 2024 pour protester contre la guerre dans la bande de Gaza.

« Je demande à tous les soldats de l’armée des Etats-Unis de ne pas viser l’humanité avec leurs fusils. Désobéissez à l’ordre de Trump ! Obéissez à l’ordre de l’humanité ! », s’est-il exclamé.

Il a estimé que le nouveau veto américain au Conseil de sécurité de l’ONU, la semaine dernière, contre un texte réclamant un cessez-le-feu et l’accès humanitaire à Gaza, signifiait que « la diplomatie est terminée ». « L’histoire de l’humanité nous a montré pendant des millénaires que, si la diplomatie s’épuise, nous devons passer à une autre phase de la lutte », a encore dit Gustavo Petro.

Selon la présidence colombienne, M. Petro a quitté les Etats-Unis et se trouvait vendredi soir à bord d’un avion pour Bogota. « Je suis arrivé à Bogota et je me retrouve désormais sans visa pour les Etats-Unis », a affirmé le président colombien dans un message sur son compte X.

« Ne pas avoir permis l’entrée de l’Autorité palestinienne et me priver de mon visa pour avoir demandé à l’armée américaine et israélienne de ne pas soutenir un génocide, qui constitue un crime contre l’humanité, cela démontre que le gouvernement des Etats-Unis ne respecte plus le droit international », a-t-il poursuivi. « Je ne reviendrai plus voir Donald le canard », a-t-il ironisé, en se moquant de son homologue américain.

Le président colombien a fait remarquer qu’il possédait aussi la nationalité italienne, ce qui en principe le dispense de visa pour entrer aux Etats-Unis. Le ministre de l’intérieur colombien, Armando Benedetti, a écrit vendredi soir sur X que c’était le visa du premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, qui aurait dû être révoqué, et non celui de M. Petro. « Mais comme l’Empire le protège, il s’en prend au seul président qui ait été assez capable de lui dire la vérité en face », a-t-il affirmé.

Les relations entre la Colombie et les Etats-Unis se sont nettement dégradées depuis l’arrivée au pouvoir de Donald Trump, en janvier. Mardi, M. Petro avait demandé à la tribune de l’ONU qu’une « procédure pénale » soit lancée contre son homologue américain après les frappes militaires meurtrières ayant détruit dans les Caraïbes des bateaux transportant, selon Washington, de la drogue.

Même si le siège de l’ONU à New York bénéficie de l’extraterritorialité, les chefs d’Etat et de gouvernement doivent transiter par le territoire des Etats-Unis pour se rendre à l’assemblée générale annuelle de l’organisation, et doivent donc voyager avec un visa américain.

Dans le passé, les Etats-Unis ont accordé des visas pour se rendre à l’ONU à de nombreux chefs d’Etat qui leur étaient hostiles, comme les dirigeants cubain Fidel Castro et libyen Mouammar Kadhafi, ou encore les présidents vénézuéliens Hugo Chavez et Nicolas Maduro. Cette année, Washington a autorisé la présence du président iranien, Massoud Pezeshkian, mais a refusé un visa au président palestinien, Mahmoud Abbas, qui a dû s’exprimer par visioconférence.

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