Johanna Bouyé a un peu hésité avant d’accepter l’exercice du portrait. D’abord parce qu’elle est plus à l’aise pour parler de diplomatie que d’elle-même. Ensuite parce qu’elle est en pleine prise de poste. A 37 ans, la diplomate vient de poser ses valises au consulat français à Hongkong avec mari et enfants. Un gros changement pour cette spécialiste de la Russie.
Lorsqu’elle se connecte ce lundi de septembre pour notre entretien, la jeune femme sort juste d’un confinement décrété en raison de la météo, « mon premier cyclone tropical », dit-elle. Si elle a finalement accepté de se livrer (un peu), c’est parce qu’elle avait à cœur de raconter une diplomatie « qui évolue, se dépoussière ». « Et si je peux contribuer à ce que des jeunes femmes qui n’oseraient pas se lancent dans la carrière diplomatique, alors ça vaut le coup », explique-t-elle, avouant avoir manqué de modèle.
Elle-même ne vient pas du sérail. Son père était géologue, sa mère bibliothécaire. Jeune, elle avait bien le goût de l’ailleurs, mais aucun lien avec le monde de la diplomatie. Lycéenne à Cannes (Alpes-Maritimes), c’est lors d’un salon de l’orientation qu’elle découvre Sciences Po. Elle est séduite par la diversité des cours (droit, économie, sciences politiques, etc.), qui répond à son envie de varier les horizons. Après une année de prépa commerciale décevante ? « je ne trouvais pas de sens » ?, elle passe et réussit le concours de la rue Saint-Guillaume. Parallèlement, elle s’inscrit à l’Inalco pour faire du russe. Là encore, la diplomatie est loin de son esprit. Ce qu’elle aime, c’est la littérature et la musique russes. Elle passera un semestre d’échange à l’Institut d’Etat des relations internationales de Moscou (Mgimo).