Les manifestants de la génération Z attendaient une parole forte, ils ont été en partie entendus. Dans un discours devant le parlement marocain vendredi 10 octobre, Mohammed VI s’est gardé de toute allusion au mouvement de protestation qui agite une partie de la jeunesse au Maroc, mais son adresse reprend deux des principales doléances du collectif GenZ 212, à l’origine de la mobilisation : la création d’emplois et la mise à niveau des services publics d’éducation et de santé, qualifiées par le roi de « prioritaires ».
Mohammed VI n’a pas non plus ciblé nommément l’exécutif, alors que la démission du premier ministre Aziz Akhannouch est réclamée par les manifestants, mais dans une menace à peine voilée à son encontre, il lui a signifié que « toute négligence (...) est inadmissible », sommant les ministres de faire preuve d’« une plus grande célérité ». D’aucuns voient dans cet avertissement le présage d’une « colère royale », à l’image de celle qui avait conduit le palais à démissionner des ministres un an après les manifestations dans le Rif, en 2017.
Présenté comme personnellement impliqué dans l’organisation de la Coupe du monde de football 2030, le roi a également prévenu qu’« il ne devrait y avoir ni antinomie ni rivalité entre les grands projets nationaux et les programmes sociaux », reprenant à son compte l’un des griefs de la GenZ : si des milliards sont investis dans les stades, pourquoi n’en est-il pas de même pour les hôpitaux ? En août, le décès de huit femmes en couches à Agadir, peu après l’inauguration du stade Prince-Moulay-Abdellah de Rabat, refait à neuf en dix-huit mois, est l’une des causes de la fronde.