Il fallait voir le public du Parc des Princes s’enfoncer chaque minute un peu plus dans son siège, comme accablé par cette première période fastidieuse. La mi-temps allait être sifflée, certains spectateurs persuadés que rien ne pouvait survenir dans ces conditions étaient déjà partis se restaurer, Didier Deschamps pestait dans sa zone technique devant le triste spectacle proposé par ses joueurs, quand Kylian Mbappé débloqua seul ce France-Azerbaïdjan.

Les Bleus se sont imposés sans briller face à la 124? nation mondiale (3-0), vendredi 11 octobre, mais il a fallu, contre toute attente, s’armer de patience pour voir un but et compter sur une accélération du capitaine tricolore à quarante mètres des buts adverses. Un premier joueur éliminé d’un crochet, deux autres d’une accélération puis un quatrième d’une ultime feinte avant de marquer d’une frappe limpide (45?+2). Sept secondes de grâce pour permettre à l’équipe de France de percer, enfin, cette défense azerbaïdjanaise si tenace.

Avant de céder, ce mur rouge avait causé bien des maux de tête aux ouailles de Didier Deschamps, incapables d’y trouver les espaces suffisants pour combiner, pas aidés par une circulation de balle trop indolente. « Ça ronronnait beaucoup trop en première période », a déploré le sélectionneur après le match. Dans cette approche sans fin vers le but adverse, Kylian Mbappé se démenait pour donner un allant, comme après quinze secondes de jeu et cette frappe puissante après une perte de balle azerbaïdjanaise.

Le début de match du numéro 10 des Bleus allait dans le sens des dires de Didier Deschamps avant la rencontre – « il a des jambes de feu, ça se voit. (…) Il dégage beaucoup de puissance et de vitesse » – et des statistiques actuelles affolantes du prodige de Bondy. Jamais, lors d’un début de saison, Kylian Mbappé n’avait autant marqué. Face à l’Azerbaïdjan, il a déjà inscrit son 17? but de l’exercice 2025-2026, en treize matchs disputés avec son club et sa sélection.

« En pleine possession de ses moyens », selon son sélectionneur, l’attaquant du Real Madrid avait même un temps envisagé d’égaler Olivier Giroud, lors de ce match, en tête du classement des buteurs de l’histoire de l’équipe de France. Cinq unités le séparaient de l’attaquant de Lille, mais Kylian Mbappé avait souri à la veille de la rencontre : « C’est peut-être pour demain. Qui sait ? » Ce qui s’apparente à un excès d’orgueil, au regard du match, lui a offert l’audace de s’attaquer de face au mur rouge azerbaïdjanais, en se montrant moins frileux que ses coéquipiers.

Comme face à l’Ukraine (2-0) et l’Islande (2-1), en septembre, Kylian Mbappé a beaucoup tenté, est loin d’avoir tout réussi, mais s’est montré décisif à deux reprises, avec son 53? but en sélection et sa passe décisive pour Adrien Rabiot (69?). « Dès qu’il touche le ballon, avec ses accélérations, il se passe quelque chose. C’est le leader, le capitaine et il tire tout le groupe vers le haut », s’est félicité Didier Deschamps.

A bientôt 27 ans – il les fêtera en décembre –, Kylian Mbappé diffuse en ce début de saison l’impression d’un attaquant en pleine confiance et visiblement plus affûté que jamais. Pour la première fois depuis six ans, l’ex-joueur du Paris Saint-Germain a bénéficié d’une véritable coupure de trois semaines cet été. « J’ai pu me reposer, avoir des vacances. J’ai pu bien me préparer et je pense que j’ai bien attaqué la saison », confiait-il, jeudi, à la veille du match contre l’Azerbaïdjan.

Entre la phase finale de la Ligue des nations, début juin, et sa fin de saison avec le Real Madrid à la Coupe du monde des clubs, début juillet, Kylian Mbappé avait également été contraint à trois semaines de repos forcé, affaibli par une intoxication alimentaire. En plus de ses bonnes sensations physiques, le Madrilène a également mis en avant cette « tranquillité » retrouvée, après avoir vécu des premiers mois compliqués dans la capitale espagnole.

Le capitaine de l’équipe de France de ce début de saison n’a rien à voir avec celui de septembre 2024, qui ne semblait pas enclin à vouloir jouer avec la sélection. « Dans sa tête, tout va bien », avait spontanément précisé Didier Deschamps à l’annonce de la liste pour ce rassemblement d’octobre, signe que tout n’a pas toujours tourné rond, récemment, pour son capitaine. « J’ai réussi à me remettre bien, à me remettre la tête et les jambes à l’endroit », abondait Kylian Mbappé, jeudi.

Cependant, pour les jambes, un doute persiste puisqu’il a quitté la pelouse du Parc des Princes à la 81? minute face à l’Azerbaïdjan, en grimaçant mais sans boiter, avant de rentrer directement aux vestiaires. Sa sortie a permis à Florian Thauvin, avec qui il s’était lié d’amitié lors de la Coupe du monde 2018, de disputer sa première sélection depuis six ans et de marquer un joli but en fin de match (84?).

Cette cheville droite, à laquelle Kylian Mbappé a été touché, l’avait déjà contraint de céder sa place avec le Real Madrid lors de la dernière journée du championnat d’Espagne. « Il a une cheville qui était sensible et il a repris un coup au même endroit. Il a préféré sortir parce que la douleur était assez importante », a expliqué Didier Deschamps. « Le sélectionneur va faire le point avec le staff médical, échanger avec Kylian comme il le fait toujours avec les joueurs et une décision sera prise ensuite », dit-on au sein du staff des Bleus, sans préciser si le capitaine sera présent dans l’avion qui s’envolera pour l’Islande, samedi.

A Reykjavik, lundi, les joueurs de l’équipe de France auront l’occasion de se qualifier officiellement pour la prochaine Coupe du monde, en cas de victoire contre l’Islande et si, dans le même temps, l’Ukraine ne l’emporte pas face à l’Azerbaïdjan. L’objectif est clair, les contours de la mission bien délimités, mais celle-ci pourrait s’avérer plus ardue que prévu pour les Bleus si le forfait d’un Kylian Mbappé en grande forme était acté.

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