Le Conseil constitutionnel a reçu cinq recours, mercredi 15 octobre au soir, concernant l’élection présidentielle du 12 octobre, à laquelle le président Paul Biya, 92 ans, brigue un huitième mandat – mais aucun de son ancien ministre Issa Tchiroma Bakary, qui revendique la victoire –, selon la télévision d’Etat.

Les résultats officiels sont attendus dans dix jours. La plupart des analystes s’attendent à ce que Paul Biya remporte un huitième mandat dans un système que ses détracteurs jugent verrouillé après quarante-trois ans au pouvoir. Selon le code électoral, toute contestation doit être déposée auprès du Conseil constitutionnel dans les trois jours suivant la clôture du vote. Le présentateur de la télévision d’Etat CRTV a annoncé mercredi soir « cinq recours (…) déposés au Conseil constitutionnel jusqu’à ce jour ». Les requérants réclament notamment « l’annulation du scrutin pour fraude électorale ».

Paradoxalement, et malgré l’engouement qu’il suscite à la tête du Front pour le salut national du Cameroun (FSNC), Issa Tchiroma Bakary, ancien ministre resté vingt ans dans le giron présidentiel, n’a pas déposé de recours. Son directeur de campagne, Chris Maneng’s, a expliqué que comme le Conseil constitutionnel s’appuyait sur des procès-verbaux entachés d’« irrégularités », le candidat n’a pas voulu s’engager dans une démarche « tronquée ». Il assure en revanche que des procès-verbaux prouvant « la vérité des urnes » et la victoire de M. Tchiroma Bakary seront publiés en ligne dans les prochains jours.

Des vidéos circulant sur les réseaux sociaux montrent des tensions entre des partisans d’Issa Tchiroma Bakary et les forces de l’ordre aux abords des antennes de la commission électorale (Elecam) à Bafoussam (ouest) et à Douala. Dans la capitale économique, quatorze personnes ont été arrêtées, a déclaré jeudi le préfet du département, Sylac Marie Mvogo, à la télévision d’Etat. Des incendies autour de l’antenne de la commission électorale à Dschang (ouest) ont également été signalés.

Conformément au code électoral, les personnes ayant déposé un recours pourront être auditionnées ou invitées à produire des preuves. En 2018, lors de la dernière élection présidentielle, l’ensemble des recours avaient été rejetés.

« Il est clair que les institutions vont reconnaître Paul Biya comme vainqueur », juge Brice Molo, historien, sociologue et maître de conférences à l’Institut catholique de Paris (ICT). Les membres du Conseil constitutionnel sont considérés comme proches de Paul Biya. En août, ils avaient rejeté la candidature de Maurice Kamto, arrivé deuxième à la présidentielle de 2018, mais dont il s’était proclamé vainqueur au lendemain du vote.

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