Quatre hommes, soupçonnés d’être impliqués dans un projet d’action à l’encontre d’un opposant russe, ont été interpellés lundi et placés en garde à vue, a déclaré, jeudi 16 octobre, le Parquet national antiterroriste (PNAT) au Monde. Selon Le Parisien, qui a révélé l’information, ce « projet d’élimination » visait « Vladimir Ossetchkine, un militant russe considéré comme un lanceur d’alerte, symbole de la résistance contre le pouvoir de Vladimir Poutine ».

Vladimir Ossetchkine, directeur de Gulagu.net, une ONG qui dénonce des faits de torture et de corruption dans les prisons russes, a confirmé à l’Agence France-Presse (AFP) être la personne visée par ce projet, qui devait avoir lieu à Biarritz (Pyrénées-Atlantiques), où il réside.

« Tout va bien », a-t-il assuré, en remerciant la police et le contre-espionnage français, « tous ceux qui ont participé à la capture de ces gangsters, de ces tueurs ». Il a également remercié « ceux qui travaillent pour empêcher ces sales projets sanglants de [Vladimir] Poutine en Europe et en France ».

L’enquête préliminaire, ouverte le 19 septembre, a été confiée à la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). Le PNAT a demandé jeudi la mise en examen et le placement en détention provisoire des quatre suspects, âgés de 26 à 38 ans. « Une information judiciaire a été ouverte par le Parquet national antiterroriste du chef de participation à une association de malfaiteurs terroriste en vue de la préparation d’un ou plusieurs crimes d’atteinte aux personnes », précise le parquet.

Selon une source proche du dossier citée par l’AFP, ces hommes sont originaires du Daghestan, une république russe du Nord-Caucase, mais l’un a la nationalité française. Trois d’entre eux se sont rendus à Biarritz en avril et ont réalisé des vidéos où l’on voit le domicile de M. Ossetchkine et un lieu qu’il fréquente, mais sans le montrer lui-même, selon la même source. Le principal suspect affirme qu’ils étaient en vacances à Biarritz, mais tous n’ont pas les mêmes versions, précise-t-on.

Vladimir Ossetchkine avait déjà fait état d’une tentative d’assassinat à son domicile, le 12 septembre 2022 au soir. Il avait expliqué à l’AFP avoir « remarqué un point rouge qui bougeait sur la balustrade de l’une des terrasses et qui se dirigeait ensuite vers [lui] sur le mur ».

« Nous avons éteint la lumière, nous nous sommes couchés par terre, avons fermé les volets et appelé la police », avait relaté M. Ossetchkine, qui avait évoqué des tirs d’arme à feu. « Quand la police est venue, ils sont entrés dans la maison de l’autre côté, et quand ils ont essayé d’ouvrir le volet d’un des balcons, ils ont aussi entendu des tirs. Ils ont ensuite interrogé des voisins qui ont aussi entendu ces tirs. » Il avait auparavant fait l’objet de « menaces de mort », en mars 2022.

Le parquet de Bayonne avait annoncé le 20 septembre 2022 l’ouverture d’une enquête pour « menaces de mort », en précisant n’avoir « aucun élément objectif » attestant la tentative d’assassinat. Ces menaces, « qui feraient suite à ses dénonciations et investigations relatives aux exactions commises au sein des prisons russes, dont il aurait été victime », sont « prises avec le plus grand sérieux », avait alors déclaré le procureur de la République de Bayonne, Jérôme Bourrier, ajoutant que des mesures avaient été mises en œuvre pour « assurer la protection de Vladimir Ossetchkine ».

L’opposant affirme avoir été informé, début février 2022, d’un projet d’assassinat le concernant et avoir été placé depuis sous protection policière. L’ONG de M. Ossetchkine a diffusé en 2021 des vidéos de viols dans des prisons russes, ainsi que des témoignages de victimes et, fait rarissime, de tortionnaires, entraînant l’ouverture d’une enquête des autorités russes. Elle affirme disposer de plus de 1 000 vidéos montrant des tortures en prison.

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