Vingt ans après avoir quitté le pouvoir, l’ancien chancelier Gerhard Schröder (1998-2005) demeure une figure controversée en Allemagne. Paradoxalement, sa proximité affichée avec Moscou et son rôle dans la promotion du gaz russe, pendant et après son mandat de chancelier, ne l’ont pas entièrement démonétisé. Le personnage continue à être interrogé à intervalles réguliers sur les questions diplomatiques et de politique intérieure.
A la fois honni et admiré, tantôt référence ou contre-modèle, il hante encore la scène politique : les sociaux-démocrates lui attribuent sans hésiter la responsabilité de leur déclin politique, estimant que ses réformes du marché du travail les ont coupés de leur électorat. Les conservateurs de l’Union chrétienne-démocrate (CDU), en revanche, au premier rang desquels le chancelier Friedrich Merz, saluent volontiers sa capacité à mener des réformes impopulaires dont ils admettent qu’elles ont apporté une longue phase de prospérité au pays.
C’est donc avec une grande attention qu’a été suivie, vendredi 17 octobre, l’audition de l’ancien chancelier comme témoin devant une commission d’enquête du parlement du Land du Mecklembourg-Poméranie-Occidentale, situé sur la mer Baltique. C’est là qu’arrivaient les deux gazoducs Nord Stream 1 et 2, chargés d’acheminer le gaz russe vers l’Allemagne, auxquels s’intéressent les élus locaux. Agé de 81 ans, Gerhard Schröder y était auditionné à la fois en tant qu’ancien chancelier, président du conseil d’administration de Nord Stream 2 et lobbyiste pour différents groupes énergétiques russes.