« Je me suis demandé si je partais avec 10 m de retard ou eux avec 10 m d’avance » : l’épreuve des longues études pour les jeunes de quartiers prioritaires

Ahouefa Fagbemi n’a jamais eu besoin que sa mère lui fasse la leçon sur l’importance de l’école, elle a toujours été bonne élève. « J’ai vite compris que je n’avais pas le choix, que c’était la seule façon de sortir de là. » Là, c’était le logement insalubre à Goussainville (Val-d’Oise) que sa mère, arrivée du Bénin quand Ahouefa avait 7 ans, avait réussi à dégoter avec ses heures de ménage. La jeune femme y a passé l’essentiel de ses années de collège et de lycée. Presque vingt ans plus tard, elle habite toujours dans le Val-d’Oise, à Cergy, mais elle est diplômée d’un master de politiques publiques de Sciences Po et prépare les concours de la haute fonction publique. « J’ai bien conscience d’être une exception », précise-t-elle.

Les chiffres lui donnent raison. Selon la dernière enquête « Génération », réalisée en 2020, 13 % des jeunes ayant grandi dans un quartier prioritaire de la politique de la ville (QPV), des zones où se concentre particulièrement la pauvreté, sont titulaires d’un bac + 5, contre 27 % parmi les jeunes urbains hors QPV. Lors de la précédente enquête, en 2013, c’était 7 % pour les premiers, 23 % pour les seconds. « Il y a des évolutions positives, mais les écarts restent très importants », soulignent Elsa Personnaz et Arthur Sawadogo, chargés d’études au Centre d’études et de recherches sur les qualifications.

A l’origine sociale – 60 % des jeunes des QPV sont issus de foyers défavorisés – s’ajoutent des facteurs spécifiques à ces territoires avec des lycées défavorisés, des problèmes d’orientation et un phénomène d’autocensure qui transforment le chemin vers un diplôme du supérieur en parcours du combattant.

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