Par un trait d’humour, Boris Pistorius, le ministre allemand de la défense, a fait son entrée par la grande porte dans la politique spatiale européenne. « Je ne fais pas de secret d’Etat du fait que je suis un fan revendiqué de Star Trek. Cela me distingue de Markus Söder [le président conservateur du Land de Bavière], qui lui, est un fan de Star Wars », a lancé le social-démocrate aux participants du congrès sur l’espace de la fédération de l’industrie, le BDI, le 25 septembre. La pique, destinée à faire rire la salle, était avant tout un message politique : le thème de l’espace, jusqu’ici exploité surtout par la Bavière, est désormais le domaine privilégié du ministre de la défense, qui prévoit d’y consacrer la somme considérable de 35 milliards d’euros d’ici à 2030.
L’annonce a été une surprise pour les observateurs, en raison du chiffre, mais aussi parce qu’il marque un changement de paradigme : le spatial allemand sera financé non plus seulement indirectement, par une dotation du ministère de l’économie à l’Agence spatiale européenne (ESA), mais aussi par le désormais colossal budget du ministère de la défense. Ce dernier va passer de 86 milliards en 2025 à 153 milliards d’euros en 2029, soit 3,5 % du produit intérieur brut (PIB). Quelque « 35 milliards d’euros d’ici à 2030 sur le spatial, c’est 7 milliards d’euros par an, soit plus du double de ce que l’Allemagne dépensait jusqu’ici. Cela correspond à l’intégralité du budget annuel de l’ESA », décrypte Gilles Rabin, fondateur du cabinet de conseil Hinc et Nunc.