Le procès en appel du journaliste sportif français Christophe Gleizes, condamné en première instance à sept ans de prison ferme en Algérie pour « apologie du terrorisme », a été fixé au 3 décembre 2025 « au tribunal criminel d’appel de Tizi-Ouzou », à 110 km à l’est d’Alger, a fait savoir son avocat Amirouche Bakouri, vendredi 24 octobre, sur sa page Facebook.
Collaborateur des magazines français So Foot et Society, Christophe Gleizes, 36 ans, a été condamné le 29 juin, notamment pour « apologie du terrorisme » et « possession de publications dans un but de propagande nuisant à l’intérêt national ». La justice lui reproche d’avoir été en contact avec un dirigeant du club de football de la Jeunesse Sportive de Kabylie (JSK), par ailleurs responsable du Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK), classé organisation terroriste par les autorités algériennes depuis mai 2021.
L’association française Reporters sans frontières (RSF) a renouvelé son appel « à la libération de ce professionnel de l’information, spécialiste de football, afin qu’il puisse enfin retrouver ses proches au plus vite ».
Christophe Gleizes « n’a rien à faire en prison et nous comptons sur la cour d’appel pour le reconnaître : Christophe n’est coupable que d’avoir exercé son métier de journaliste sportif et d’aimer le football algérien », a déclaré le directeur général de RSF, Thierry Bruttin, selon un communiqué de l’ONG.
« Si l’on n’était pas aussi tristes et catastrophés, on en rirait. Christophe, terroriste ? Ça n’a aucun sens », avait déclaré au Monde son beau-père, Francis Godard, au mois de juillet.
La condamnation de Christophe Gleizes est intervenue alors qu’Alger et Paris sont empêtrés depuis plus d’un an dans une crise diplomatique aiguë avec des expulsions de diplomates de part et d’autre et l’arrestation à la mi-novembre 2024 de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, condamné à cinq ans de prison en Algérie pour « atteinte à l’unité nationale ».
Les relations entre Paris et Alger sont au plus bas depuis l’été 2024 et la reconnaissance par la France d’un plan d’autonomie « sous souveraineté marocaine » pour le Sahara occidental, théâtre d’un conflit vieux de cinquante ans entre le Maroc et les indépendantistes du Polisario, soutenus par Alger.
Le nouveau ministre de l’intérieur, Laurent Nuñez, a estimé dimanche qu’il devait y avoir un « bougé » dans les relations avec l’Algérie et affirmé qu’une remise en cause de l’accord franco-algérien de 1968 n’était pas « à l’ordre du jour ». L’accord, signé six ans après la fin de la guerre entre l’Algérie et l’ex-puissance coloniale (1954-1962), quand la France en plein boom économique avait besoin de main-d’œuvre, permet notamment aux ressortissants algériens d’obtenir un titre de séjour de dix ans selon une procédure accélérée.