La fille de Brigitte Macron a dénoncé, mardi 28 octobre, devant le tribunal une « dégradation des conditions de santé » de sa mère, cible d’une fausse information qui la dépeint en personne transgenre, et l’accuse d’être en réalité son frère, Jean-Michel Trogneux – qui existe bien et a 80 ans. L’épouse du chef de l’Etat « est contrainte de faire attention aux tenues [qu’elle porte], aux postures car elle sait que son image peut être détournée » en permanence, a déploré Tiphaine Auzière, avocate de 41 ans, au cours de sa déposition devant le tribunal correctionnel de Paris, où dix personnes sont jugées pour cyberharcèlement.
Les réquisitions contre les dix prévenus, âgés de 41 à 65 ans, jugés depuis lundi, sont attendues en fin de journée. Le jugement devrait ensuite être mis en délibéré. Cette riposte judiciaire en France, doublée d’une plainte aux Etats-Unis, survient après quatre ans de rumeurs qui n’ont cessé d’enfler, largement relayées par les réseaux complotistes et d’extrême droite.
Absente du procès, l’épouse du chef de l’Etat a rapporté aux enquêteurs que cette infox avait eu « un très fort retentissement » sur son entourage et sur elle-même, rapportant que ses petits-enfants entendaient dire que « leur grand-mère est un homme ».
L’un des principaux prévenus, Aurélien Poirson-Atlan, connu sur les réseaux sociaux sous le pseudonyme de Zoé Sagan, a revendiqué mardi le droit à « la satire », qu’il considère comme « l’ADN du pays ». L’écart d’âge entre les époux Macron est considéré comme un « crime sexuel » par Zoé Sagan, une « pédophilie cautionnée par l’Etat » sur X (son compte a été supprimé depuis). Outre ses propos visant Mme Macron, le publicitaire de 41 ans est connu pour avoir diffusé les vidéos à caractère sexuel du macroniste Benjamin Griveaux.
Lundi, plusieurs prévenus ont exprimé leur surprise d’avoir à répondre de publications « satiriques », relevant selon eux de la liberté d’expression.
La médium, Delphine J., connue sous le pseudonyme d’Amandine Roy, a souhaité exercer son droit au silence à la barre, expliquant qu’elle s’était déjà longuement « exprimée ». La Bretonne de 51 ans est l’autrice d’une vidéo virale publiée en 2021 affirmant que Mme Macron n’aurait jamais existé et que son frère Jean-Michel aurait pris son identité après une transition de genre. Vue plus de 4 millions de fois, elle a largement contribué à amplifier la rumeur, selon les dires de Mme Macron rapportés par le président du tribunal.
Condamnée aux côtés de Natacha Rey pour diffamation en première instance en septembre 2024 par la justice française à payer plusieurs milliers d’euros de dommages et intérêts à Mme Macron et à M. Trogneux, elle a été relaxée en appel le 10 juillet. La première dame s’est pourvue en cassation avec son frère.
Plusieurs personnes jugées à Paris ont relayé les publications virales de l’Américaine Candace Owens, se réjouissant de voir l’« affaire Brigitte » s’internationaliser. Le couple présidentiel a engagé cet été des poursuites contre la podcasteuse d’extrême droite, autrice d’une série de vidéos vue plusieurs millions de fois, intitulée Becoming Brigitte (« Devenir Brigitte »).