Des peines de prison de trois à douze mois de prison avec sursis et des amendes allant jusqu’à 8 000 euros ont été requises, mardi 28 octobre, à Paris à l’encontre des dix personnes jugées pour cyberharcèlement visant Brigitte Macron, cible d’une fausse information qui la dépeint en personne transgenre et l’accuse d’être en réalité son frère, Jean-Michel Trogneux – qui existe bien et est âgé 80 ans. Les réquisitions les plus lourdes ont été prononcées à l’encontre d’Amandine Roy, de Bertrand Scholler et d’Aurélien Poirson-Atlan, désignés comme des « instigateurs » de l’infox, selon le procureur, Hervé Tétier.
Devant le tribunal, la fille de Brigitte Macron a dénoncé mardi une « dégradation des conditions de santé » de sa mère. L’épouse du chef de l’Etat « est contrainte de faire attention aux tenues [qu’elle porte], aux postures car elle sait que son image peut être détournée » en permanence, a déploré Tiphaine Auzière, avocate de 41 ans, au cours de sa déposition.
Mme Macron, absente du procès, est sur le « qui-vive » en permanence, de peur que son image ne soit « détournée », a expliqué Mme Auzière. Dénonçant « la haine » à l’égard sa mère, elle a regretté la « remise en cause systématique » de « son identité, son sexe » et « sa probité ». « Ce tourbillon [de messages] qui ne s’arrête jamais a un impact croissant sur [les] conditions de vie » de Mme Macron et sa « santé », a encore détaillé sa fille, ajoutant qu’elle en avait d’abord « sous-estimé l’ampleur ». La fausse information a peu à peu généré de « l’anxiété » chez Mme Macron et ses petits-enfants, régulièrement interrogés sur le genre de leur grand-mère.
Cette riposte judiciaire en France, doublée d’une plainte aux Etats-Unis, survient après quatre ans de rumeurs qui n’ont cessé d’enfler, largement relayées par les réseaux complotistes.
L’un des principaux prévenus, Aurélien Poirson-Atlan, connu sur les réseaux sociaux sous le pseudonyme de Zoé Sagan, a revendiqué mardi le droit à « la satire », qu’il considère comme « l’ADN du pays ». L’écart d’âge entre les époux Macron est considéré comme un « crime sexuel » par Zoé Sagan, une « pédophilie cautionnée par l’Etat » sur X (son compte a été supprimé depuis). Outre ses propos visant Mme Macron, le publicitaire de 41 ans est connu pour avoir diffusé les vidéos à caractère sexuel du macroniste Benjamin Griveaux.
Lundi, plusieurs prévenus ont exprimé leur surprise d’avoir à répondre de publications « satiriques », relevant selon eux de la liberté d’expression.
La médium, Delphine J., connue sous le pseudonyme d’Amandine Roy, a souhaité exercer son droit au silence à la barre, expliquant qu’elle s’était déjà longuement « exprimée ». La Bretonne de 51 ans est l’autrice d’une vidéo virale publiée en 2021 affirmant que Mme Macron n’aurait jamais existé et que son frère Jean-Michel aurait pris son identité après une transition de genre. Vue plus de 4 millions de fois, elle a largement contribué à amplifier la rumeur, selon les dires de Mme Macron rapportés par le président du tribunal.
Condamnée aux côtés de Natacha Rey pour diffamation en première instance en septembre 2024 par la justice française à payer plusieurs milliers d’euros de dommages et intérêts à Mme Macron et à M. Trogneux, elle a été relaxée en appel le 10 juillet. La première dame s’est pourvue en cassation avec son frère.
Plusieurs personnes jugées à Paris ont relayé les publications virales de l’Américaine Candace Owens, se réjouissant de voir l’« affaire Brigitte » s’internationaliser. Le couple présidentiel a engagé cet été des poursuites contre la podcasteuse d’extrême droite, autrice d’une série de vidéos vue plusieurs millions de fois, intitulée Becoming Brigitte (« Devenir Brigitte »).