Alexander Kuznetsov – à ne pas confondre avec son jeune homonyme, acteur révélé dans Leto (2018), de Kirill Serebrennikov – est un remarquable documentariste russe venu de la photographie de presse. On l’a découvert en France en deux films, Territoire de la liberté (2015) et Manuel de libération (2016). Le premier nous plongeait au cœur d’une communauté utopique et hédoniste se réunissant, selon une tradition centenaire, au cœur de la taïga sibérienne. Le second ramenait de la réalité carcérale des asiles psychiatriques russes le portrait de deux jeunes femmes, parfaitement saines d’esprit, tentant par le biais d’une démarche administrative gogolienne de recouvrer leur liberté.
On retrouve ici ces jeunes filles, Ioulia et Ekaterina (dite Katia), dans la vie civile, réintégrées dans la cité. Alexander Kuznetsov ne les a donc pas lâchées. Ce qu’il nous en montre file un peu, il faut bien l’admettre, le bourdon. Loin de la veine épique et combative qui caractérisait le précédent film, Une vie ordinaire, portant bien son titre, montre le destin parallèle des deux jeunes femmes, qui ne songent plus en vérité, depuis leur libération en 2015, qu’à embrasser une vie sans histoire. Trouver un mari. Lui faire des enfants. Gagner de quoi vivre. Qui leur jetterait la pierre ? C’est cette « page blanche » qu’est devenue leur vie qu’entend filmer Alexander Kuznetsov.