Soupçonnés d’avoir participé au spectaculaire casse du Louvre, dont l’histoire a fait le tour du monde, les deux suspects interpellés samedi ont été mis en examen, mercredi 29 octobre dans la soirée, a annoncé le parquet de Paris, alors que les bijoux n’ont toujours pas été retrouvés.
Ces deux hommes, âgés de 34 et 39 ans, ont été mis en examen pour « vol en bande organisée, et pour association de malfaiteurs en vue de commettre un crime » et écroués, a précisé le parquet de la Juridiction interrégionale spécialisée (JIRS).
« Le seul et unique commentaire que l’on peut vous donner ce soir, c’est qu’il existe un décalage qui est abyssal entre le caractère extraordinaire de ce dossier et la personnalité tout à fait ordinaire de notre client », ont déclaré Mes Réda Ghilaci et David Bocobza, avocats de l’un des mis en cause, âgé de 34 ans. Ils ont aussi insisté sur la nécessité du « respect le plus absolu du secret de l’enquête et de l’instruction » dans ce dossier.
Les deux hommes ont « partiellement reconnu les faits », a déclaré dans l’après-midi la procureure de Paris, Laure Beccuau, lors d’une conférence de presse. Ils sont soupçonnés d’être ceux qui ont « pénétré dans la galerie d’Apollon pour s’emparer des bijoux », a-t-elle précisé.
L’un des suspects a été arrêté samedi 25 octobre à 20 heures à l’aéroport Roissy - Charles-de-Gaulle « alors qu’il s’apprêtait à se rendre en Algérie sans billet de retour pour la France », selon la procureure. Le deuxième suspect, âgé de 39 ans, a été interpellé le même jour à 20 h 40 à proximité de son domicile. « Rien ne permet d’affirmer qu’il était en partance pour l’étranger, contrairement à ce que certains médias ont diffusé », a ajouté Mme Beccuau lors de sa conférence de presse.
Le premier, âgé de 34 ans et de nationalité algérienne, vit en France depuis 2010, « plus précisément à Aubervilliers [Seine-Saint-Denis] ». Déjà connu des services de police et de justice « pour des faits relevant essentiellement de la délinquance routière », il a également été condamné pour un fait de vol. « Il a été ciblé grâce aux traces ADN retrouvées sur un des scooters ayant servi aux malfaiteurs. »
Le deuxième suspect réside à Aubervilliers, où il est né. « Il déclare exercer clandestinement l’activité de chauffeur de taxi, mais avait lui aussi exercé la profession de livreur. » L’homme est déjà connu pour des faits de vols aggravés perpétrés en 2008 et 2014, et il est par ailleurs sous contrôle judiciaire dans une autre affaire de vol aggravé qui doit être jugé en novembre au tribunal correctionnel de Bobigny. Son ADN a été retrouvé sur l’une des vitrines fracturées, ainsi que sur des objets abandonnés au cours de la fuite.
« Les bijoux ne sont, à l’heure où je vous parle, pas encore en notre possession, avait poursuivi la procureure. Je veux garder l’espoir qu’ils seront retrouvés et pourront être rendus au Musée du Louvre, et plus largement à la nation. » Huit joyaux de la couronne de France ont été volés en quelques minutes et le butin de ce casse rocambolesque, qui a fait le tour de la planète, est estimé à 88 millions d’euros, selon Mme Beccuau. « Ces joyaux sont dorénavant bien évidemment invendables », a-t-elle souligné, rappelant que « quiconque les achèterait se rendrait coupable à son tour de recel de ce crime ».
Vers 9 h 30 le 19 octobre, les membres du commando ont installé un camion-élévateur au pied du musée, sur le quai François-Mitterrand, et deux d’entre eux, visages masqués, se sont hissés avec une nacelle jusqu’à la galerie Apollon. Après avoir brisé une fenêtre et les vitrines contenant les bijoux à l’aide de disqueuses, les voleurs sont repartis à bord de deux scooters conduits par leurs complices. Le cambriolage a duré en tout moins de huit minutes. « Rien ne permet à ce stade d’affirmer que les malfaiteurs auraient bénéficié d’une complicité quelconque au sein du musée », a assuré la procureure de Paris. Si les enquêteurs ont pu identifier « avec certitude l’implication de quatre malfaiteurs », ils n’excluent pas la possibilité d’« un niveau plus large avec un commanditaire, voire les personnes susceptibles d’être destinataires », a encore déclaré Mme Beccuau.
Les investigations mobilisent une centaine d’enquêteurs. Plus « de 150 prélèvements de traces ADN, papillaires et autres ont été réalisés » sur les lieux du cambriolage et lors des perquisitions, selon Mme Beccuau. Dans leur fuite, les malfaiteurs ont laissé tomber la couronne de l’impératrice Eugénie, qui a été abîmée. « La directrice du Louvre [Laurence des Cars] a fait savoir combien il serait délicat de la restaurer », a-t-elle déploré.
 
 


