Cette semaine, Le Monde des livres vous conseille la lecture du premier tome d’une biographie du grand dissident Victor Serge (1890-1947), consacré à ses années libertaires, à la Belle Epoque ; du nouveau recueil de nouvelles mêlant fantastique et social de l’une des grandes plumes argentines, Mariana Enriquez ; du récit que Mark O’Connell a tiré de sa rencontre avec le coupable d’un fait divers retentissant, en Irlande, au début des années 1980 ; du nouveau roman de l’écrivaine rare Ghislaine Dunant, une histoire d’amour tellurique au pied du Teide, aux Canaries ; enfin, d’un essai de l’historien Sunil Amrith, qui retrace un millénaire de relations des humains avec leur environnement, avec les conséquences que l’on sait.

BIOGRAPHIE. « Le Jeune Victor Serge », de Claudio Albertani

En 1917, Victor Serge n’a que 27 ans mais il est déjà un vieux militant. Il a connu les plus hautes espérances comme les pires trahisons. Il a passé cinq ans en prison. Et le double dans les cercles anarchistes. Ce moment libertaire a-t-il été décisif dans le destin de cet immense écrivain, l’une des principales figures de la gauche antitotalitaire au XXe siècle ? Si le révolutionnaire s’est toujours soustrait aux meutes, le doit-il à son engagement dans ce courant qu’on nomme l’« anarchisme individualiste » ? C’est en tout cas la thèse défendue par Claudio Albertani dans Le Jeune Victor Serge.

Journaliste et historien vivant au Mexique, l’auteur est lui-même un militant libertaire. On pourra d’ailleurs être agacé par tel parti pris ou tel raccourci argumentatif, voire surpris par sa complaisance à l’égard de la violence « politique ». Mais cette sensibilité anar, assumée, lui permet de perpétuer ce que la littérature du mouvement ouvrier a produit de meilleur, avec ce mélange de rigueur, de gouaille et d’humour qui donne au texte les intonations exaltantes, et presque le collier de barbe, propres aux socialistes d’antan. Ce mélange est approprié pour décrire le milieu libertaire à la veille de la Grande Guerre, où se côtoient insurgés aguerris, typographes inventifs, aventuriers fêlés, performeurs nudistes et, bien sûr, indicateurs de police. J. Bi.

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