Donald Trump a annoncé à des journalistes avoir conclu avec son homologue chinois, Xi Jinping, un accord d’un an reconductible sur les terres rares, le soja et certains droits de douane, après leur entretien, jeudi 30 octobre, en Corée du Sud. De son côté, le ministère du commerce chinois a confirmé dans un communiqué avoir accepté de suspendre pendant un an « la mise en œuvre des mesures de contrôle des exportations concernées, annoncées le 9 octobre, et étudiera et affinera des plans spécifiques ».

Xi Jinping a assuré avoir trouvé « des consensus sur des solutions aux problèmes » lors de sa rencontre avec le président des Etats-Unis, a rapporté l’agence étatique Chine nouvelle.Les équipes économiques et commerciales de la Chine et des Etats-Unis « doivent affiner et finaliser les travaux de suivi le plus rapidement possible (…) et fournir des résultats concrets, afin de rassurer les esprits sur les économies de la Chine, des Etats-Unis et du monde », a-t-il ajouté.

La rencontre à Pusan entre les deux dirigeants était censée apaiser la guerre commerciale qui les oppose, et qui ébranle toute l’économie mondiale. Donald Trump, qui a qualifié Xi Jinping de « dirigeant exceptionnel d’un pays très puissant », a également dit qu’il se rendrait en Chine en avril.

Le président américain a quitté Pusan, jeudi, à bord d’Air Force One, en direction de Washington, après une réunion d’une heure et quarante minutes avec Xi Jinping. Les dirigeants des deux plus grandes économies mondiales, qui ne s’étaient plus vus en face-à-face depuis six ans, se sont serré la main mais n’ont pas fait de déclaration aux médias. Ce n’est qu’à bord de l’avion présidentiel que Donald Trump a livré le résultat de la rencontre auprès de journalistes.

« L’accord concernant les terres rares est désormais conclu, et c’est valable pour le monde entier », a affirmé le président américain aux journalistes, précisant que cet accord était valable pendant un an et serait renégocié chaque année.

Washington a aussi accepté de réduire de 20 % à 10 % les droits de douane qui avaient été imposés à la Chine en rétorsion au trafic de fentanyl, stupéfiant dont des composants sont produits en Chine et qui fait des milliers de morts aux Etats-Unis, a-t-il expliqué.

Le président américain a encore assuré que la Chine allait acheter aux Etats-Unis « des volumes considérables » de soja et autres produits agricoles, une annonce qui devrait rassurer les agriculteurs américains, parmi lesquels il compte de nombreux électeurs.

Donald Trump a dit ne pas avoir parlé de Taïwan avec le président chinois. « Taïwan n’a jamais été évoqué. Ce sujet n’a pas été abordé », a affirmé M. Trump à bord d’Air Force One. Pékin revendique la souveraineté de l’île, dont Washington reste le soutien le plus puissant. « [En revanche, concernant l’Ukraine,] nous en avons parlé pendant longtemps, et nous allons tous les deux travailler ensemble pour voir si nous pouvons obtenir quelque chose », a encore dit M. Trump.

Avant la rencontre, le locataire de la Maison Blanche, qui venait juste d’annoncer une relance immédiate des essais d’armes nucléaires, avait dit s’attendre à une entrevue « très réussie ». Xi Jinping avait, lui, assuré que c’était « un plaisir de revoir » Donald Trump, alors que les deux hommes posaient pour les photographes dans un austère bâtiment de l’aéroport de Pusan.

« La Chine et les Etats-Unis peuvent assumer conjointement leurs responsabilités de grandes puissances et travailler ensemble à la réalisation de projets plus ambitieux et concrets, pour le bien de nos deux pays et du monde entier », a-t-il affirmé. Les deux dirigeants ont ensuite entamé une réunion bilatérale avec leurs délégations.

Le président américain n’a pas répondu à une journaliste qui lui demandait de commenter sa décision de reprendre les essais nucléaires. Il a ordonné à son ministère de la défense de « commencer à tester » les armes nucléaires des Etats-Unis, après que son homologue russe, Vladimir Poutine, l’a défié avec un test d’un drone sous-marin à capacité nucléaire. De quoi poser un rapport de force, juste avant de s’attabler avec Xi Jinping pour tenter de finaliser une trêve commerciale préparée par les conseillers américains et chinois ces derniers jours.

Les deux dirigeants se connaissent bien pour s’être vus cinq fois pendant le premier mandat du républicain, mais leur dernière entrevue remonte à 2019. Depuis, la rivalité entre les deux superpuissances n’a fait que s’intensifier et, surtout, Donald Trump, revenu au pouvoir en janvier, a déclenché une radicale offensive protectionniste, au service de son idéologie « L’Amérique d’abord ».

Ce sommet arrivait après quelques semaines particulièrement mouvementées. Le 19 septembre, Donald Trump annonçait une prochaine rencontre avec son homologue chinois, après une conversation téléphonique « très productive ». Puis les sujets de friction se sont accumulés, jusqu’à celui qui a fait sortir le président américain de ses gonds : la décision prise, le 9 octobre, par Pékin de restreindre ses exportations de terres rares, au risque de compromettre le grand programme de réindustrialisation du locataire de la Maison Blanche.

Le milliardaire new-yorkais, dénonçant une manœuvre « hostile », avait menacé d’imposer des surtaxes douanières écrasantes et de bouder la rencontre. Avant de se radoucir, dans l’une des volte-face dont il a l’habitude.

L’accord commercial en gestation ne réglera pas les contentieux de fond entre les deux puissances, qui sont économiques mais aussi stratégiques. Donald Trump voit d’un mauvais œil les manœuvres diplomatiques de son homologue chinois pour rallier les grands pays émergents et il s’est plusieurs fois irrité des liens entre la Chine et la Russie.

La rencontre avec Xi Jinping a conclu, sur une note beaucoup plus sobre, une tournée asiatique qui l’a vu accueilli avec tous les égards en Malaisie, au Japon et en Corée du Sud, avec des cadeaux fastueux et des promesses de gigantesques d’investissements aux Etats-Unis.

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