« Journée chaude et douce. Les oiseaux sont en extase. Les chardonnerets, les orioles et les merles bleus animent les arbres bourgeonnants de leurs voix délicates et de leur gai plumage, les troglodytes et les bruants chanteurs sautillent et vocalisent dans les arbustes ; les rouges-gorges et les bruants familiers s’écartent à peine à notre passage sur l’herbe et le gravier, et des dizaines d’hirondelles trissent dans les airs. » C’est le printemps, vous l’aurez deviné, et la promenade de l’Américaine Susan Fenimore Cooper (1813-1894) est enchantée par ce concert champêtre.
Ses Chroniques de la vie rurale sont celles d’une naturaliste qui observe son environnement et donne à tout être vivant un nom : arbres, fleurs et surtout oiseaux, dont on ne pourrait faire le compte tant ils sont nombreux. L’écrivaine dispose de toutes les connaissances scientifiques dans les domaines de la botanique et de l’ornithologie, mais elle ne donne pas à son livre la forme du traité. Elle estime avec raison ces travaux disponibles et préfère proposer un savoir situé. Tout au long d’une année, au fil de ses sorties quotidiennes, elle décrit ce qui se présente à elle et en restitue la variété, les couleurs, les régularités comme les excentricités : ce journal d’observation et de terrain est aussi le registre des gestes simples et des émotions ressenties dans la nature.