L’opération policière la plus meurtrière de l’histoire de Rio de Janeiro, au Brésil, a fait au moins 119 morts, dont quatre policiers, a annoncé, mercredi 29 octobre, la police brésilienne lors d’une conférence de presse. Ce nouveau bilan est quasiment le double du précédent donné par les autorités qui avait évoqué 64 personnes mortes. Les services du Défenseur public, organe de l’Etat de Rio qui offre une assistance juridique aux plus démunis, avaient auparavant fait état d’au moins 132 morts.
Mardi, 2 500 policiers et soldats à bord d’hélicoptères, de véhicules blindés et à pied ont mené des raids meurtriers dans les favelas de l’Alemao et de la Penha, à la recherche des chefs du Comando Vermelho, le principal groupe criminel de Rio qui opère dans les favelas, quartiers populaires densément peuplés. Dans la matinée de mercredi, des habitants du complexe de la Penha, l’une des grandes favelas de Rio, avaient aligné plus de 40 corps sur une place mercredi matin, a constaté un journaliste de l’Agence France-Presse.
Le juge Alexandre de Moraes, de la Cour suprême brésilienne, a demandé des explications sur l’action de la police au gouverneur de droite de l’Etat de Rio, Claudio Castro, qui est convoqué pour une audience la semaine prochaine alors que ce dernier a lancé devant la presse que l’intervention avait été un « succès ». Il a défendu la manière forte face à ce qu’il qualifie de « narcoterrorisme ». Les seules « victimes » ont été les policiers tués, a-t-il affirmé.
Le président brésilien, Luiz Inacio Lula da Silva, a fait part de sa stupéfaction face à ce bilan. « Le président a été sidéré par le nombre de morts et s’est montré surpris du fait qu’une opération de cette envergure ait été mise en place à l’insu du gouvernement fédéral », a déclaré le ministre de la justice, Ricardo Lewandowski à Brasilia.
« Nous ne pouvons accepter que le crime organisé continue de détruire des familles, d’opprimer des voisins et de répandre la drogue et la violence dans les villes », a déclaré M. Lula sur le réseau social X tout en notant la nécessité d’un « travail coordonné qui frappe au cœur du trafic (de drogue) sans mettre en danger les policiers, les enfants et les familles innocentes ».
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, s’est dit « très inquiet par le grand nombre de victimes », a fait savoir son porte-parole, Stéphane Dujarric, à la presse. « Il souligne que l’utilisation de la force dans les opérations de police doit se faire en accord avec les normes et le droit international des droits humains et appelle les autorités à mener rapidement une enquête », a-t-il ajouté.
Si les raids des forces de l’ordre sont, malgré leur efficacité contestée, fréquents à Rio dans les favelas, l’opération de mardi, par son ampleur et son bilan humain, a créé un choc. Le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme s’est dit « horrifié » et a demandé des « enquêtes rapides ».