« On perd tous des cheveux de temps en temps, mais, quand vous êtes trois dans 10 mètres carrés, niveau propreté, ça devient vite l’enfer. Alors on s’est tous tondu le crâne. » Pour vivre dans sa cellule, prévue pour n’accueillir que deux détenus, Kévin – les prénoms ont été modifiés – a multiplié les stratagèmes.
Le jeune père, en détention provisoire à la prison de la Santé, dans le 14e arrondissement de Paris, est assis sur son matelas, posé à même le sol, sous la télévision, qu’il entend mais ne voit pas, et face au lit superposé de ses deux codétenus. Les chaises, qui ne servent pas, sont empilées dans un coin. Des bouts de couvertures déchirées en fines lanières sont tendus en travers de la pièce, en guise de fils à linge. L’un d’eux est fixé à une étagère rigoureusement organisée, remplie de nourriture, de médicaments, de vêtements, de pochettes de documents administratifs, et d’un livre d’origami. A promiscuité extrême, grande discipline.
 
 


