L’ONU et la Croix-Rouge ont exprimé, vendredi 31 octobre, leur vive inquiétude face aux informations faisant état d’exécutions sommaires, de viols collectifs et d’enlèvements depuis la prise d’El-Fasher, au Soudan, par les paramilitaires des Forces de soutien de rapide (FSR).

Après dix-huit mois de siège, les FSR ont pris dimanche El-Fasher, dernière grande ville du Darfour (ouest) qui échappait encore à leur contrôle et où les témoignages et informations sur des violences meurtrières contre les civils se multiplient depuis.

La ville a été coupée de toute communication depuis sa chute. Mais « des détails émergent sur les atrocités commises » pendant et depuis la prise d’El-Fasher, a déclaré un porte-parole du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme (HCDH), Seif Magango, lors d’un point de presse. Il a ainsi souligné que des survivants « terrifiés » ont atteint la localité voisine de Tawila.

Le HCDH a reçu « des témoignages effroyables faisant état d’exécutions sommaires, de massacres, de viols, d’attaques contre des travailleurs humanitaires, de pillages, d’enlèvements et de déplacements forcés ».

S’exprimant de Nairobi, M. Magango a indiqué que le Haut-Commissariat a également reçu des vidéos et d’autres images « choquantes » sur ces atrocités et estime que le nombre de personnes tuées lors de la prise d’El-Fasher et les jours qui ont suivi « pourrait se chiffrer par centaines ».

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a, elle, vérifié qu’au moins 460 personnes ont été tuées dans une maternité d’El-Fasher, le seul hôpital encore partiellement opérationnel dans la ville. « Nous avons reçu des informations selon lesquelles il y a eu plusieurs vagues » d’attaques, a indiqué vendredi un porte-parole, Christian Lindmeier, aux journalistes. Entre dimanche et mercredi, plus de 62 000 civils ont fui la ville, où des dizaines de milliers de personnes sont encore piégées, d’après l’ONU.

Dans un communiqué, la présidente du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Mirjana Spoljaric, a déploré que « des structures autrefois destinées à sauver des vies soient devenues des lieux de mort et de dévastation ». « Aucun patient ne devrait être tué dans un hôpital, et aucun civil ne devrait être abattu alors qu’il tente de s’enfuir de chez lui », a-t-elle déclaré.

Soulignant que « rien ne saurait justifier les abominables violations des règles de la guerre dont nous sommes témoins au Soudan », elle a appelé la communauté internationale à agir : « Le monde ferme les yeux sur les horreurs indicibles que subissent les civils au Soudan. » « Il est urgent d’agir avec force et détermination pour mettre un terme à ces atrocités. Le monde ne peut pas rester les bras croisés », a-t-elle insisté.

M. Magango a également dénoncé des « informations alarmantes concernant des violences sexuelles » à El-Fasher, affirmant qu’« au moins 25 femmes ont été victimes de viols collectifs lorsque les FSR sont entrées dans un abri pour personnes déplacées près de l’université ». « Des témoins confirment que des membres des FSR ont sélectionné des femmes et des filles et les ont violées sous la menace d’une arme, et ont forcé les autres personnes déplacées à quitter les lieux », a-t-il déclaré.

Le Haut-Commissariat demande des « enquêtes indépendantes, rapides, transparentes et approfondies » sur toutes les violations présumées du droit international et attendent que leurs auteurs rendent des comptes.

Pour tenter de calmer le jeu, le chef des FSR, Mohamed Daglo, a annoncé l’ouverture d’enquêtes sur les agissements de certains paramilitaires, avant que ne tombe tard jeudi l’annonce d’arrestations, dont celle d’un combattant surnommé Abou Loulou vu en train d’exécuter des personnes non armées dans plusieurs vidéos dont l’authenticité a été confirmée.

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