Leboncoin peut être un cabinet de curiosités dans lequel il est intéressant d’aller fureter. Parmi les articles surprenants, on trouve quelques centaines d’urnes funéraires vendues d’occasion, à partir de 10 euros, et d’une grande diversité esthétique. Chaque nouvelle annonce soulève des questions. Quelle histoire familiale cache la vente de cette « paire d’urnes funéraires » ? Pourquoi Guylaine, du Pas-de-Calais, se débarrasse-t-elle simultanément d’une urne d’occasion et d’un lot de verres à Ricard ? Quelle discussion familiale ou quelle lecture a bien pu précéder la publication d’une annonce : « Vends urne pour cause de changement d’avis » ?
Les urnes funéraires d’occasion se trouvent essentiellement sur Leboncoin. L’algorithme de Vinted, où elles sont moins nombreuses, les mélange avec les boîtes à sucre (ceux qui cherchent des boîtes à sucre voient-ils passer les urnes funéraires ?), et elles sont rares sur Facebook Market. Quant à eBay, les professionnels du neuf ont, comme ailleurs, chassé les amateurs de revente, et la seule urne funéraire d’occasion vendue par un particulier appartient à une boîte de Playmobil à thème égyptien.
A l’instar des sous-vêtements et des dentiers, les urnes funéraires font partie des articles dont on imagine mal la revente. Mais avec 40 % des familles qui optent pour la crémation, cela fait beaucoup de nouvelles urnes en circulation chaque année. Ceux qui ont dispersé les cendres s’interrogent peut-être sur l’utilisation du récipient restant. Et puis, si les concessions des cimetières ne sont pas éternelles, pourquoi les urnes le seraient-elles ? Après tout, des municipalités vendent déjà les pierres tombales des concessions qui ne sont pas renouvelées ou celles de sépultures laissées à l’abandon depuis plus de trente ans. Pourquoi des particuliers ne donneraient-ils pas une seconde vie à leur urne, contrairement à leur contenu qui n’en a eu qu’une ?