En ce début de soirée, au stade de Procé, à Nantes, la plupart des coureurs sur la piste ont le poignet cerclé par une montre connectée. Cette dernière est devenue, depuis une dizaine d’années, un indispensable des athlètes pour mesurer leurs efforts. Bien souvent, cette fameuse montre est reliée à Strava, le réseau social des sportifs, permettant de partager ses performances avec ses abonnés.
Dans les gradins, Valentin (les personnes citées par leur prénom ont requis l’anonymat), un triathlète, termine sa séance. Gourde dans une main et smartphone dans l’autre, il explique que Strava lui sert d’outil de suivi pour progresser. « Je mets automatiquement mes courses sur Strava. J’aime bien qu’on voie ce que je fais. » Même s’il ne sait pas expliquer pourquoi.
Valentin est loin d’être le seul à avoir pris cette habitude. L’application revendique 150 millions d’utilisateurs à travers 185 pays. La marque refuse de communiquer les chiffres concernant spécifiquement la France, mais elle précise que, depuis 2019, le nombre d’athlètes qui publient du contenu dans l’Hexagone a triplé. Et c’est compter sans les partages sportifs qui se font par le biais d’Instagram, de Facebook ou de TikTok. Selon Guillaume Dietsch, enseignant en sciences et techniques des activités physiques et sportives (Staps) et agrégé d’EPS à l’université Paris-Est-Créteil, ces nouvelles pratiques relèvent du « concept d’extimité, qui pousse des individus à rendre visibles certains aspects de soi, notamment liés à la performance ».