On ne surnomme pas Mariana Enriquez la « rock star » des lettres argentines pour rien. A la voir débarquer comme une flèche dans ce café situé en face de la Maison de la radio, à Paris, entre deux émissions, l’évidence saute aux yeux. Non pas tant en raison de son apparence – look total noir et blanc, frange cendrée et grosses bagues argentées à chaque doigt – qu’à cause du rythme effréné auquel elle est soumise.
Arrivée de Bordeaux le matin même, la journaliste et romancière est en tournée européenne, comme le serait une chanteuse vedette. Depuis un mois, elle court les festivals, les rencontres et les entretiens avec la presse. En Espagne, elle vient de présenter un essai (Archipiélago, « archipel », non traduit) sur son rapport à la lecture et aux écrivains qui l’ont façonnée. En Italie, Qualcuno cammina sulla tua tomba (« quelqu’un marche sur ta tombe », non traduit en français) – une balade littéraire dans divers cimetières qu’elle affectionne, à travers le monde, un tropisme qu’elle cultive depuis l’adolescence.