Qui se cache derrière #SoloEspressoJourney ? Contacté plusieurs fois, l’administrateur de ce compte Instagram n’a jamais répondu. Peut-être un comptable compulsif, un fétichiste de la note de frais, l’un de ces maniaques qui réclament toujours le double du ticket de carte bleue… Qu’importe, chaque jour, il ou elle publie religieusement le reçu d’un café expresso consommé quelque part dans le monde. On voyage alors sans bouger de son écran.

A Milan, au Cova Montenapoleone, l’expresso s’affiche à 1,60?euro. Près de Ramatuelle, sur la terrasse de l’Auberge de la Mole, il grimpe à 2,50 euros. Au bar du Ritz, à Paris, il culmine à 12 euros. De Zermatt à Ibiza, en passant par Londres et Kyoto, on fait un tour du monde par le prisme d’un rituel banal, mais qui dit beaucoup de nos habitudes, et de notre portefeuille. Car le café joue ici les prix étalons, comme le fit jadis l’indice Big Mac de The Economist. Le petit noir devient outil de comparaison économique, révélateur du pouvoir d’achat local.

Mais #SoloEspressoJourney n’est pas qu’une comptabilité vagabonde : c’est aussi un musée discret du graphisme éphémère. La typographie des tickets varie d’un lieu à l’autre, les logos racontent les époques et les pays. Sur la note du restaurant Da Celeste (2 euros), dans la lagune de Venise, on voit une femme aux boucles d’oreilles dessinées à l’encre ; sur celle du Grand Hotel Quisisana de Capri (13 euros) trône le blason de la ville, quand, chez Paul, Paris 11e, la facture (2,80 euros) se réduit à une austère ligne de chiffres. Noir sur crème, bien sûr.

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