Le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire sur l’algorithme de TikTok à la suite du signalement par une commission d’enquête parlementaire des effets psychologiques de l’application sur les mineurs, a annoncé, mardi 4 novembre, la procureure de Paris, Laure Beccuau. Le député socialiste Arthur Delaporte, président de la commission d’enquête parlementaire, avait dénoncé la « facilité d’accès » des « mineurs » à l’algorithme de TikTok, « susceptible de pousser » les plus « vulnérables vers le suicide ».
En septembre, la rapporteuse de la commission préconisait d’interdire les réseaux sociaux aux moins de 15 ans et un « couvre-feu numérique » pour les 15-18 ans, pour tenter d’endiguer un « piège algorithmique » dangereux pour les plus jeunes.
L’enquête a été confiée à la brigade de lutte contre la cybercriminalité de la Préfecture de police de Paris. « Nous réfutons fermement les accusations », a répliqué TikTok dans un communiqué transmis à l’Agence France-Presse (AFP), en assurant proposer « plus de 50 fonctionnalités et paramètres prédéfinis spécialement conçus pour assurer la sécurité et le bien-être des adolescents ». Pour sa part, Arthur Delaporte a salué dans un communiqué « l’ouverture de cette enquête, indispensable pour approfondir et potentiellement sanctionner les multiples défaillances de la plateforme ».
Les investigations portent sur plusieurs infractions. Il y a dans le collimateur des enquêteurs la « propagande en faveur de produit, objet ou méthode préconisés comme moyens de se donner la mort », délit faisant encourir la peine de trois ans d’emprisonnement et une amende de 45 000 euros, selon un communiqué de la procureure.
Il y a aussi la « fourniture de plateforme en ligne pour permettre une transaction illicite en bande organisée », délit faisant encourir la peine de dix ans d’emprisonnement et une amende de 1 million d’euros. Est aussi visée l’« altération du fonctionnement d’un système de traitement automatisé de données en bande organisée », délit faisant encourir la peine de dix ans d’emprisonnement et une amende de 300 000 euros.
Les investigations concernent donc « le respect de l’obligation de notification par une plateforme des soupçons d’infractions commises par son intermédiaire », le « fonctionnement de l’algorithme par rapport à la présentation qui en est faite à son utilisateur » et « l’édition de contenus consistants notamment à la promotion du suicide », a développé Laure Beccuau.
En se plongeant dans cette application, la commission d’enquête parlementaire avait constaté « un océan de contenus néfastes » mêlant des vidéos de « promotion du suicide, d’automutilation » et « une exposition à la violence sous toutes ses formes », dopé par les programmes de recommandation puissants qui enferment les jeunes dans des bulles nocives.
Dans une réaction à l’AFP en septembre, TikTok avait « catégoriquement » rejeté « la présentation trompeuse » de la commission, « qui cherche à faire de notre entreprise un bouc émissaire face à des enjeux qui concernent l’ensemble du secteur et de la société ».