Les deux Français Cécile Kohler et Jacques Paris, sortis de prison en Iran mardi 4 novembre après plus de trois ans de détention, sont « en sécurité » à la résidence de l’ambassadeur de France, à Téhéran, « dans l’attente de leur libération définitive », a annoncé Jean-Noël Barrot, le ministre des affaires étrangères. « J’ai échangé avec leur famille et dépêché sur place une équipe qui les accompagnera personnellement, aux côtés des agents de l’ambassade », a-t-il écrit sur le réseau social X.

Cécile Kohler et Jacques Paris « vont bien, ils semblent en bonne santé », a précisé, par la suite, Jean-Noël Barrot sur France Télévisions. « Nous allons continuer le travail que nous avons engagé depuis des semaines et des mois pour obtenir leur libération définitive », a-t-il ajouté. « J’ai (…) appelé mon homologue ministre des affaires étrangères de l’Iran pour saluer le geste qui a été fait », a-t-il poursuivi.

De son côté, l’Iran a précisé que les deux ressortissants français ont été libérés « sous caution ». Ils seront « placés sous surveillance jusqu’à la prochaine étape judiciaire », a fait savoir le porte-parole de la diplomatie iranienne, Esmaïl Baghaï, dans un communiqué.

« Soulagement immense ! », s’était réjoui Emmanuel Macron, un peu plus tôt sur X, en annonçant leur sortie de la prison d’Evin, à Téhéran. « Je me félicite de cette première étape. Le dialogue se poursuit pour permettre leur retour en France le plus rapidement possible. Nous y travaillons sans relâche », avait ajouté le président de la République.

Le 24 septembre, Emmanuel Macron avait suscité l’espoir en évoquant une « perspective solide » vers la libération de ces citoyens français, que Paris considérait être des « otages d’Etat ». Quelques semaines plus tard, le chef de la diplomatie avait réitéré ces propos. Mais c’est finalement un autre Français, Lennart Monterlos, également de nationalité allemande, qui avait été libéré début octobre.

Pascal et Mireille Kohler, les parents de Cécile Kohler, ont dit mardi leur « immense soulagement » de voir leur fille et son compagnon sortir de prison. « On sait qu’ils ne sont plus soumis à ce traitement inhumain auquel ils avaient droit, et que maintenant ils sont à l’ambassade, donc ils sont déjà dans un petit bout de France », se sont-ils réjouis auprès de l’Agence France-Presse, depuis l’Alsace.

Professeure de lettres de 41 ans, et enseignant retraité de 72 ans, Cécile Kohler et Jacques Paris avaient été arrêtés le 7 mai 2022, au dernier jour d’un voyage touristique en Iran. Ils étaient officiellement les deux derniers Français détenus en Iran.

Ils avaient été incarcérés dans la sinistre section 209, réservée aux prisonniers politiques, de la prison d’Evin, avant d’être transférés vers un autre centre de détention, en juin lors de la guerre des douze jours entre Israël et l’Iran. Mais leur nouvelle localisation n’avait jamais été rendue publique.

Ils avaient été lourdement condamnés, le 14 octobre, à respectivement dix et six ans d’emprisonnement pour « espionnage au profit du service de renseignement français » et à cinq ans pour « complot et collusion en vue de commettre des actes contre la sécurité nationale ». A ces peines s’ajoutaient vingt ans de « prison en exil » pour l’un des deux membres du couple, accusé de « coopération en matière de renseignement avec le régime sioniste. Un chef d’accusation retenu au titre du moharebeh [crime de guerre contre Dieu] », selon la terminologie employée par Téhéran. Le second était sanctionné de dix-sept ans de « prison en exil » pour complicité d’espionnage pour le compte de Tel-Aviv.

Le ministère des affaires étrangères français n’avait eu de cesse de déplorer les conditions de détention « inhumaines » de Cécile Kohler et Jacques Paris, estimant qu’elles relevaient de « la torture » au point de déposer un recours contre la République islamique iranienne auprès de la Cour internationale de justice « pour violation du droit à la protection consulaire ». Pendant plus de trois ans, le renseignement extérieur français a également œuvré à leur libération.

Lumière allumée vingt-quatre heures sur vingt-quatre, trente minutes de sortie deux ou trois fois par semaine, rares et courts appels sous haute surveillance à leurs proches : les deux Français, qui avaient été contraints à des « aveux forcés » diffusés à la télévision d’Etat iranienne quelques mois après leur arrestation, n’ont reçu que quelques visites consulaires.

Depuis une dizaine d’années, l’Iran multiplie les arrestations de ressortissants occidentaux, notamment français, les accusant le plus souvent d’espionnage, afin de les utiliser comme monnaie d’échange pour relâcher des Iraniens emprisonnés dans des pays occidentaux ou afin d’obtenir des gages politiques. Au moins une vingtaine d’Occidentaux seraient encore détenus, selon des sources diplomatiques.

Dans le cas de Cécile Kohler et Jacques Paris, Téhéran avait rendu publique le 11 septembre la possibilité d’un accord de libération des deux Français en échange de Mahdieh Esfandiari, une Iranienne arrêtée en France en février pour avoir fait la promotion du terrorisme sur les réseaux sociaux. Celle-ci avait été libérée sous contrôle judiciaire dans l’attente de son procès, prévu en janvier.

La libération de Cécile Kohler et Jacques Paris intervient moins d’un mois après celle de Lennart Monterlos, un Franco-Allemand de 19 ans arrêté le 16 juin alors qu’il faisait un périple à vélo. En mars 2024, deux autres Français, Olivier Grondeau et un homme dont le nom n’a jamais été révélé, avaient été libérés. Au plus fort de la crise des « otages d’Etat » avec Paris, Téhéran a détenu jusqu’à sept ressortissants français simultanément.

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