La justice centrafricaine a condamné, mardi 4 novembre, Joseph Martin Figueira, un consultant belgo-portugais travaillant pour l’ONG américaine Family Health International 360, à dix ans de travaux forcés pour « complicité d’association de malfaiteurs » et « atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat ».

Il avait été arrêté en mai 2024 et était initialement poursuivi pour six chefs d’accusation, dont « complot », « espionnage » et « incitation à la haine », pour ses contacts avec des groupes armés rebelles dans le Haut-Mbomou, une région en proie à des affrontements entre groupes rebelles, où il avait été envoyé par l’ONG.

« Je ne m’attendais pas à un tel verdict. Je vais me pourvoir en cassation. Nous avons un délai de trois jours pour le faire », a déclaré à l’Agence France-Presse, après l’énoncé du verdict par la cour criminelle de Bangui, M. Figueira, qui toujours clamé son innocence. « Ce procès n’est pas équitable », a fustigé Me Nicolas Tiangaye, son avocat, qui a également affirmé que son client a été « torturé ».

L’Etat, qui s’est constitué partie civile, a obtenu des dommages et intérêts à hauteur de 50 millions de francs CFA (76 000 euros) pour compenser le préjudice subi en raison des moyens financiers, logistiques voire politiques fournis à des groupes armés, a expliqué l’un des avocats de la partie civile.

Durant le procès, le procureur général, Jean Vidal Damas, a fait écouter à la cour plus d’une heure de conversations entre M. Figueira et des responsables politiques du groupe rebelle de l’Unité pour la paix en Centrafrique (UPC).

M. Figueira s’était entretenu avec le chef de l’UPC, Ali Darassa, un de ses conseillers politiques, mais aussi Nicolas Herrera, représentant de la Cour pénale internationale, pour négocier la participation du groupe armé à la capture du chef rebelle ougandais fugitif Joseph Kony, qui a également sévi en Centrafrique.

« Le seul fait de donner des ordres à un groupe armé non conventionnel peut être assimilé à de la complicité, à de l’association de malfaiteurs », a détaillé le procureur général. La Centrafrique a conclu, en avril, des accords de paix avec l’UPC et un autre groupe armé, le Groupe 3R (pour « retour, réclamation et réhabilitation »), sous l’égide du Tchad. Le désarmement des deux entités a débuté en août.

La République centrafricaine, l’un des pays les plus pauvres du continent africain, a été ravagée par une succession de guerres civiles, coups d’Etat et régimes autoritaires depuis son indépendance de la France, en 1960.

Elle est en proie à des guérillas multiformes, notamment à sa frontière est avec les deux Soudan. L’armée nationale est soutenue par des mercenaires du groupe russe Wagner et de son successeur, Africa Corps.

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