Le ministre de la défense soudanais a affirmé, mardi 4 novembre, que la guerre contre les paramilitaires allait continuer, après une réunion du Conseil de souveraineté dans laquelle a été discutée une proposition américaine de cessez-le-feu. « Les préparatifs pour la bataille du peuple soudanais sont en cours », a déclaré Hassan Kabroun dans un discours télévisé.

« Nous remercions l’administration Trump pour ses efforts et ses propositions afin de parvenir à la paix », a-t-il dit, tout en affirmant que la guerre était un « droit national légitime ». Aucun détail sur la proposition américaine n’a été rendu public.

Le gouvernement américain « est tout à fait investi » pour tenter de trouver une issue « pacifique » au conflit qui ravage le Soudan, a assuré, mardi, la porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt, tout en reconnaissant que la « situation sur le terrain est très compliquée ».

Une attaque dans la ville stratégique d’El-Obeid, capitale régionale du Nord-Kordofan, a fait au moins 40 morts, a annoncé, mercredi, dans un communiqué, le bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’Organisation des Nations unies (ONU). L’ONU n’a pas précisé le jour de l’attaque ni ses responsables, mais elle s’est produite alors que les combats pour le contrôle de cette région du centre du pays s’intensifient.

Le Soudan est déchiré depuis avril 2023 par une guerre opposant l’armée du général Abdel Fattah Abdelrahman Al-Bourhane à son ancien allié, Mohammed Hamdane Daglo, chef du groupe paramilitaire des Forces de soutien rapide (FSR) qui ont pris, le 26 octobre, El-Fasher, dernière ville de la vaste région du Darfour, dans l’Ouest, qui échappait à leur contrôle.

Les combats se concentrent désormais sur la région voisine du Nord-Kordofan, dans le centre du Soudan, où l’ONU a fait état d’exactions et de déplacements massifs de population ces derniers jours. Mardi, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a exhorté les belligérants à « venir à la table des négociations » et à « mettre fin à ce cauchemar de violence, dès maintenant ». « La crise terrifiante au Soudan (…) est en train de devenir incontrôlable », a-t-il dit.

L’émissaire américain pour l’Afrique, Massad Boulos, a mené ces derniers jours des entretiens au Caire, dans le but de finaliser une proposition de trêve humanitaire formulée sous son égide, à la mi-septembre à Washington, par un groupe de médiateurs incluant l’Egypte, l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis.

Le groupe, dit du « Quad », travaille sur un plan global de paix pour le Soudan. Toutefois, ses dernières propositions sont restées lettre morte. Jusqu’à présent, le général Al-Bourhane a accueilli négativement ce plan qui prévoit à la fois son exclusion et celle des FSR de la transition politique post-conflit.

Depuis la chute d’El-Fasher, après dix-huit mois de siège par les paramilitaires, les informations et les témoignages se multiplient sur les exécutions, les pillages, les viols, les attaques contre des humanitaires, documentés par des images satellites et par des vidéos publiées par les combattants eux-mêmes.

Le général Al-Bourhane a affirmé sa volonté de « se venger » de la prise de cette grande ville, tandis que le chef des FSR s’est dit déterminé à poursuivre les conquêtes sur le terrain. Mardi, la représentante de l’ONU chargée des questions humanitaires, Denise Brown, a déploré que la ville d’El-Fasher reste « barricadée » et fermée à l’aide humanitaire. « La livraison d’aide de survie cruciale reste bloquée par les FSR, contrairement à leurs obligations à l’égard des lois internationales », a-t-elle déclaré.

Près de 71 000 civils ont fui la ville depuis sa prise par les FSR, certains ayant trouvé refuge à Tawila, à environ 60 kilomètres à l’ouest. « Ne tuez pas les enfants, ne tuez pas les femmes », pouvait-on lire en arabe sur une pancarte écrite à la main lors d’une manifestation d’enfants, lundi, à Khartoum, la capitale du pays, sous contrôle de l’armée.

Le conflit, qui a fait des dizaines de milliers de morts et près de 12 millions de déplacés, selon l’ONU, se joue sur fond de rivalités régionales. Les FSR ont reçu armes et drones des Emirats arabes unis, d’après des rapports de l’ONU, tandis que l’armée bénéficie de l’appui de l’Egypte, de l’Arabie saoudite, de l’Iran et de la Turquie, selon des observateurs. Tous ces pays nient leur implication.

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