Après une visite inopinée dans les locaux de la police aux frontières (PAF) de Montgenèvre (Hautes-Alpes) entre la France et l’Italie, le contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL) dénonce des « dysfonctionnements graves » dans le traitement des migrants. Cette autorité administrative indépendante pointe des conditions de privation de liberté « indignes à tout point de vue », et publie, jeudi 6 novembre, des recommandations en urgence.

Lors de leur visite effectuée en mai 2025, les contrôleurs ont constaté que les locaux étaient « particulièrement inadaptés aux hivers dans les Alpes à 1 800 mètres d’altitude ». Le ménage n’est fait que lorsque les lieux sont inoccupés, « ce qui est rare », note le rapport qui décrit des poubelles non vidées, des matelas et oreillers « maculés de saletés et de traces » ou encore des toilettes « à l’odeur pestilentielle ».

Parmi la vingtaine de recommandations publiées au Journal officiel, le CGLPL suggère que les locaux soient « équipés de couchages et d’assises propres et en nombre suffisant, de boutons d’appel, de points d’eau et de toilettes, d’horloges indiquant la date et l’heure, d’espaces de rangement sécurisés ainsi que d’un chauffage et d’une ventilation efficace ».

Il note aussi que le personnel n’est pas en nombre suffisant, notamment pour les officiers de police judiciaires, et recommande que les agents reçoivent « des consignes et informations claires de leur hiérarchie ».

Le rapport estime également que « la privation de liberté dans les locaux du service ne respecte ni le cadre ni les délais légaux », et que les migrants devraient être mieux informés sur leur droit de demander l’asile notamment, ou encore bénéficier d’un interprète si nécessaire. Le CGLPL rappelle qu’une interpellation pour vérification d’identité et pour vérification du droit au séjour ne se déroulent pas dans le même cadre légal et pointe des confusions à ce sujet.

Sur les quatre premiers mois de 2025, déjà 1 359 personnes ont été interpellées à Montgenèvre, selon les informations recueillies par le CGLPL, alors que les flux sont « majoritairement compris de la mi-avril à la mi-novembre du fait des conditions climatiques » en montagne.

Plus des trois quarts des migrants arrêtés sont de nationalités érythréenne, éthiopienne et soudanaise, et « viennent le plus souvent de traverser la Méditerranée puis l’Italie à pied ».

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