Quatre personnes ont été placées en garde à vue, vendredi 7 novembre, à la suite des incidents survenus jeudi soir à la Philharmonie de Paris lors d’un concert de l’Orchestre philharmonique d’Israël, a fait savoir le parquet de Paris à l’Agence France-Presse. Il s’agit de trois femmes et d’un homme, dont trois pour participation à un groupement en vue de commettre des violences ou dégradations et une pour organisation d’une manifestation non déclarée.
« La Cité de la musique-Philharmonie de Paris déplore et condamne fermement les graves incidents survenus dans la grande salle Pierre-Boulez durant le concert donné par l’Israel Philharmonic Orchestra sous la direction de Lahav Shani avec le pianiste sir András Schiff », a annoncé l’établissement dans un communiqué. « L’établissement a porté plainte », a-t-il ajouté.
La Philharmonie a précisé qu’« à trois reprises des spectateurs en possession d’un billet ont tenté de diverses manières d’interrompre le concert, dont deux fois avec l’usage de fumigènes. Des spectateurs se sont interposés et des affrontements ont eu lieu ». « Les fauteurs de troubles ont été évacués et le concert, qui avait dû s’interrompre, a repris et s’est achevé dans le calme », a poursuivi la Philharmonie.
Des vidéos visibles en ligne témoignent de la confusion dans la salle Pierre-Boulez : plusieurs d’entre elles montrent une personne qui brandit un fumigène dans les gradins. D’autres personnes tentent de s’interposer et des violences éclatent.
Le ministre de l’intérieur, Laurent Nuñez, a « condamné fermement [ces] agissements », dans un message sur le réseau social X. « Rien ne peut les justifier », a-t-il ajouté, précisant que des policiers « ont permis l’interpellation rapide de plusieurs auteurs de troubles graves à l’intérieur de la salle et de contenir les manifestants à l’extérieur ».
« Quelqu’un a sorti un fumigène et il s’est fait tabasser par des gens qui étaient venus apprécier de l’art et qui avaient été gênés par cette conduite », a relaté sur RTL l’ambassadeur d’Israël en France, Joshua Zarka, présent au concert.
« La violence n’a pas sa place dans une salle de concert. La liberté de programmation et de création est un droit fondamental de notre République ! », a réagi sur le réseau social X Rachida Dati, la ministre de la culture, qui « condamne fermement les perturbations survenues à la Philharmonie lors du concert de l’Orchestre philharmonique d’Israël ».
Des « sanctions exemplaires doivent être prises » contre ces « agitateurs haineux », a, pour sa part, estimé sur X Yonathan Arfi, le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), après les incidents de jeudi soir. « Les appels au boycott et les perturbations qui se multiplient sont inacceptables. Ils n’empêcheront jamais les artistes ciblés par la haine de rencontrer l’ovation du public », a-t-il ajouté.
Mais « ce n’est pas n’importe quel artiste. Ce sont des artistes qui représentent l’Etat israélien », a réagi, de son côté, déclaré Manon Aubry, députée européenne LFI, sur CNews-Europe 1, en refusant de condamner les violences. « Aujourd’hui le meilleur moyen que ce type d’incident ne se reproduise pas, c’est que le gouvernement israélien arrête de massacrer tout un peuple », a-t-elle lancé.
« Les incidents provoqués hier soir par des activistes antisémites d’extrême gauche, encouragés par les appels à la violence du syndicat communiste de la CGT, auraient pu tourner au drame lors du concert dirigé par le chef israélien Lahav Shani à la Philharmonie de Paris », a quant à elle dénoncé Marine Le Pen, sur X. « Ces actes sont intolérables et appellent à une réponse judiciaire exemplaire pour leurs auteurs. »
L’Orchestre philharmonique d’Israël est dirigé par le chef israélien Lahav Shani, âgé de 36 ans. En septembre, l’Orchestre philharmonique de Munich avait été déprogrammé d’un festival belge où il devait se produire sous la direction du jeune chef israélien. Lahav Shani avait alors accusé la direction du festival belge d’avoir cédé « aux pressions politiques ». « Elle a exigé que je fasse une déclaration politique malgré mon engagement de longue date et publiquement exprimé en faveur de la paix et de la réconciliation », avait-il déclaré.
Ces derniers jours, la polémique avait enflé sur la tenue de ce concert, des militants propalestiniens demandant son annulation, tandis que la CGT-Spectacle réclamait que la Philharmonie « rappelle à son public les accusations gravissimes qui pèsent contre les dirigeants » d’Israël, notamment dans la guerre à Gaza. Le dispositif de sécurité autour du concert avait été renforcé.
Lundi, la Philharmonie de Paris avait dit espérer que le concert « puisse se tenir dans les meilleures conditions possibles » et rappelé qu’elle accueillait « aussi bien des artistes israéliens que palestiniens » sans « jamais » exiger de prise de position des artistes sur des enjeux politiques sensibles. « La violence n’est pas un débat. Et la faire entrer dans une salle de concert est très grave », a-t-elle réaffirmé vendredi.