Deux petites têtes brunes, quasi identiques, l’une contre l’autre, un sourire tendre plissant leurs grands yeux noirs. Ce sont les jumelles Rawan et Razan Barbakh lorsqu’elles étaient enfants. Rawan a choisi cette photo comme image de profil sur Facebook. En réalité, toute la page de l’adolescente n’est plus qu’un mur à la mémoire de sa sœur, morte en novembre 2024, à l’âge de 14 ans. Razan, au sourire plus discret sur la photo, était atteinte d’une leucémie, comme sa jumelle encore vivante. Dans la bande de Gaza anéantie par l’offensive israélienne, les médecins de l’hôpital Nasser, établissement du sud de l’enclave, n’ont rien pu faire.
« Nous avons tellement souffert pendant la guerre. Les deux devaient régulièrement recevoir des transfusions sanguines, nous devions nous-mêmes trouver des donneurs, car les hôpitaux n’avaient aucune réserve », témoigne Arafat Barbakh, leur père, au téléphone, Israël interdisant toujours l’accès à la bande de Gaza à la presse internationale. Originaire de Rafah, il vit actuellement à Al-Mawassi, sur la côte sud, où s’étendent des centaines de milliers de tentes de déplacés.