Matières premières : « Perte sèche pour la pêche »

Pas de pot pour la pêche ! Avec l’arrivée de l’été, la morosité s’est installée dans les vergers de pêchers français. Pourtant, en 2024, les gelées tant redoutées les ont épargnés et les branches sont bien chargées. Trop, quand 200 000, voire 230 000, tonnes de ces fruits à noyau sont attendus sur les plateaux ? Plutôt mauvais tempo.

La floraison précoce a bousculé le calendrier et les fruits ont déboulé en quantité, à un rythme accéléré. « Près de 40 % du volume des pêches et nectarines ont déjà été ramassés, soit 30 % de plus qu’à la même époque lors d’une année normale », précise Bruno Darnaud, président de l’association d’organisation de producteurs Pêches et ­abricots de France, arboriculteur dans la Drôme.

Or, en juin, la météo automnale n’incitait pas vraiment à croquer dans les fruits d’été. La consommation n’a pas suivi l’afflux de production. Et les fruits français ont eu du mal à se glisser dans les rayons des supermarchés bien garnis par leurs concurrents espagnols à cette saison. Une concurrence mordante. Les Ibères savent proposer légumes et fruits d’été en décalé. Et parfois innover. Comme avec les pêches plates, sucrées et plus faciles à déguster, qui font un carton. Résultat : en 2023, les Espagnols ont commercialisé plus de 100 000 tonnes de pêches et nectarines de l’autre côté des Pyrénées.

Les arboriculteurs viennent de tirer le signal d’alarme et d’alerter les distributeurs pour qu’ils achètent en priorité les pêches et nectarines des vergers français. Toutefois, ces tombereaux de fruits ont écrasé les prix. Perte sèche pour la pêche. « Pour les fruits de beau calibre, le prix est de 2 euros le kilo au départ de la station de conditionnement. Il est bien évidemment plus bas pour les petits calibres, alors que notre prix de revient est de 1,8 euro le kilo », s’inquiète M. Darnaud. En 2023, le tarif était de 2,50 euros le kilo. Avec le risque pour la pêche de passer sous la ligne de flottaison.

De son côté, l’abricot n’a pas non plus tiré le gros lot. La récolte 2024 du fruit rond, évaluée à 85 000 tonnes, sera plus que maigrelette. Elle accuse un repli de près de 30 % sur un an et s’annonce très hétérogène en fonction des exploitations et des régions. L’abricotier est devenu primesautier et nul n’en connaît la raison. « Certains arbres ont fleuri et d’autres pas. Nous n’avons pas d’explications à cette baisse de production. Les chercheurs sont circonspects », explique M. Darnaud, qui ajoute toutefois que « les abricotiers sont très sensibles au changement climatique ». Pour autant, les faibles volumes n’ont pas contribué à soutenir les prix. L’abricot pâtit, lui aussi, du peu d’appétit des consommateurs transis.

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