On peut s’attendre à tout avec Donald Trump, mais de là à faire subir un tel sort à la Maison Blanche… Le président américain vient de détruire une aile entière au bulldozer dans le but de la remplacer, d’ici à 2029, par une salle de bal grande comme un terrain de football. L’opacité du projet, sa rapidité, sa brutalité, et l’on en passe, tout cela dit beaucoup des méthodes du président américain, de sa personnalité, de ses goûts. Et de la façon dont ce pays considère son patrimoine architectural.
Car dans un pays neuf, où le droit d’auteur est relatif et le patrimoine tout autant, on gomme aisément pour construire autre chose. Cette fois, pourtant, l’émoi aux Etats-Unis est grand. Plusieurs sondages montrent que les deux tiers, voire plus, de la population s’indignent d’une Maison Blanche amputée de son aile est, celle de droite quand on admire la façade. C’est lié au choc des photos, publiées le 20 octobre. Deux étages réduits à des gravats.
La Maison Blanche est le bâtiment le plus célèbre du pays, un des plus aimés aussi. Des associations d’architectes et d’historiens ont pris la plume pour dire leur indignation. Et pour rappeler l’histoire de la Maison Blanche en général, et celle de son aile est en particulier, construite en 1902, rénovée en 1942, qui abritait de multiples bureaux dont celui de la première dame, avec un bunker en sous-sol, sans avoir le prestige de son pendant, à l’ouest, abritant le bureau Ovale – que Donald Trump a redécoré de manière clinquante.
La destruction vaut constat stupéfiant, expliqué par le Wall Street Journal du 27 octobre. Il existe une loi américaine de 1966 sur la préservation du patrimoine historique et des commissions diverses veillant sur les flambeaux du pays, mais la Maison Blanche (et d’autres bâtiments fédéraux) y échappe. Autrement dit, les bâtiments moyens du pays sont mieux protégés que les exceptionnels. La raison est merveilleuse : le président américain, en lien direct avec les électeurs, est plus légitime à décider du sort de la Maison Blanche qu’une obscure commission.