En ce mois de septembre, alors que l’Amérique s’émouvait de l’assassinat de l’influenceur trumpiste Charlie Kirk, San Francisco était dans sa bulle. Sur les quais, la foule se pressait au Théâtre Cowell pour écouter le chercheur Blaise Agüera y Arcas.
Cet entrepreneur diplômé de physique de Princeton devenu vice-président de Google, directeur des technologies de la division Technology and Society, y présentait son nouveau livre, What Is Intelligence ? (« Qu’est-ce que l’intelligence ? », non traduit), un pavé ardu de 624 pages publié par les éditions du Massachusetts Institute of Technology, qui avaient fait paraître, en mars, son premier opuscule intitulé What Is Life ? (« Qu’est-ce que la vie ? », non traduit). Comment sont apparues la vie et l’intelligence, la machine a-t-elle une conscience… Ce sont les questions qui taraudent le scientifique de 40 ans.
Ces réflexions étaient jusqu’à présent réservées aux philosophes et aux amateurs de science-fiction, tant que l’intelligence artificielle (IA) était balbutiante, incarnée dans l’imaginaire collectif par HAL, l’ordinateur décalqué d’IBM, qui tente de prendre le pouvoir dans 2001 : l’odyssée de l’espace, le film de Stanley Kubrick sorti en 1968.
Sauf qu’avec l’émergence des modèles de calcul d’IA on y est. Le chatbot, qui était traité par les sceptiques, lors de la présentation de ChatGPT par OpenAI, en novembre 2022, de « perroquet approximatif », révèle une puissance inédite et marque un progrès inattendu après cinquante ans de stagnation en matière d’IA.