« Cachez ce lien que je ne saurais voir. » La haut-commissaire à l’enfance, Sarah El Haïry, a annoncé, dimanche 16 novembre, avoir saisi l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) pour dénoncer le fait que Vinted, la plateforme de vente de vêtements de seconde main, hébergeait des profils faisant la promotion de comptes sur les plateformes pornographiques Mym ou OnlyFans. En effet, des petites annonces de vente de maillots de bain ou de lingerie servent parfois de vitrine pour des internautes qui vendent des contenus explicites sur des plateformes spécialisées, comme l’a notamment rapporté L’Informé. Ce 17 novembre, Mme El Haïry a annoncé qu’elle allait faire de même pour Leboncoin et la place de marché spécialisée dans l’artisanat Etsy.
Faut-il pour autant saisir les régulateurs ? Certes, Vinted ne contrôle pas l’âge de ses utilisateurs, mais son usage reste largement tributaire d’une carte de crédit, et donc plutôt le fait d’adultes. L’enfant qui s’égarerait dans les confins du site de vente pourrait bien tomber sur des photos de jeunes femmes en sous-vêtements, pas moins légales que celles qui s’étalent dans les catalogues de vêtements ou sur les sites de vente de lingerie ; et s’il cliquait sur un lien renvoyant vers Mym ou OnlyFans, il tomberait immédiatement sur un mur numérique de contrôle de l’âge.
La présence de ces annonces, certes de mauvais goût et pas franchement appropriées sur un site de vente, constitue-t-elle dès lors un réel danger pour l’enfance ? « La protection des enfants en ligne ne peut souffrir d’aucune faille », a affirmé, vendredi 14 novembre, Sarah El Haïry, dans un message publié sur le réseau social X – qui héberge, lui, quantité de pornographie et n’applique que de manière extrêmement imparfaite des contrôles de l’âge.
En réalité, cette saisine marque surtout une nouvelle étape dans le dévoiement de la récente loi imposant aux sites pornographiques de vérifier l’âge de leurs utilisateurs. Pensé pour les sites de « tubes », comme Pornhub ou Xnxx, qui étaient jusqu’à récemment accessibles sans contrôle effectif, le texte est désormais utilisé par le gouvernement comme un couteau suisse.