Dans le verre de gauche, sans aucun doute, l’alcool semble plus frais, floral même, avec du jasmin, des fleurs blanches. A droite, il se fait plus rond, avec une texture plus complexe, des fruits mûrs comme l’abricot, des épices… Ce sont deux cognacs distincts d’une seule et même maison : d’un côté, le VSOP (Very Superior Old Pale, soit un assemblage d’eaux-de-vie d’au moins 4 ans) ; de l’autre, la cuvée Rare, également un VSOP, vieillie sept ou huit ans dans les fûts. S’ils titrent tous les deux à 40°, leur perception en bouche est différente, le second semblant plus puissant. Leurs prix, aussi, varient : 55 euros la bouteille de VSOP, 70 euros pour celle de Rare.
En fait, ces deux nectars proposés par la maison Hine, sise à Jarnac (Charente), haut lieu du cognac avec des noms prestigieux tels que Delamain ou Courvoisier, ne répondent pas exactement à la même demande. Le VSOP se montre idéal pour réaliser de beaux cocktails quand Rare, la cuvée fer de lance, vise à redonner au grand public le goût de cet alcool disparu des tables. « Le développement de cette cuvée représente notre axe stratégique », explique Thomas Vigouroux, 38 ans, directeur marketing et communication.
Le contexte n’est pas favorable au cognac, qui connaît « une situation commerciale difficile », expliquait, début octobre, un communiqué du Conseil de bassin viticole Charentes-Cognac, soulignant l’impact négatif sur les exportations des « développements géopolitiques récents concernant la Chine et les Etats-Unis ».
C’est tout un écosystème territorial qui est touché, à savoir 4 429 viticulteurs, 133 bouilleurs de crus et 243 négociants, selon les chiffres du Bureau national interprofessionnel du cognac. La filière exporte 97,5 % de sa production. Chez Hine, l’export représente 90 % des ventes, répartis en trois tiers – Etats-Unis, Europe, Chine-Asie –, avec une présence dans une soixantaine de pays. S’ajoutent à cela le désamour pour les alcools forts ou encore la crise du pouvoir d’achat qui pénalise des flacons plus onéreux.