Il a vécu une « panne générale » et a dû travailler « dans le brouillard ». Entre mardi 11 et vendredi 14 novembre, Louis-Adrien Delarue a reçu ses patients sans pouvoir compulser leurs dossiers médicaux. Pour ce médecin d’Angoulême, ancien responsable syndical en Charente du syndicat MG France, qui représente les médecins généralistes, il était impossible, pendant ses consultations, de lire « leurs antécédents, leurs historiques, leurs ordonnances, les lettres de spécialistes… ».

Il était tout aussi inenvisageable de recevoir ou de transmettre des documents les concernant à d’autres professionnels de santé. « Notre chance est d’avoir eu une assistante médicale qui a appelé tous les patients pour leur expliquer la situation et leur a demandé de prendre avec eux des copies personnelles de leurs documents, raconte-t-il. Heureusement, la plupart se sont montrés compréhensifs. »

Cette situation s’est répétée dans toute la France. On en trouve la trace dans des articles de presse ou des communiqués en ligne, chez des médecins et dans des cabinets médicaux sis à Poitiers et à Dieppe, dans le Loiret et la Drôme, ou encore à Paris.

En cause : la cyberattaque qui a visé, lundi 10 novembre, un logiciel nommé Weda, utilisé par de nombreux professionnels de santé pour gérer les dossiers de leurs patients. Cette offensive informatique, que l’éditeur dudit logiciel, établi près de Montpellier, dit avoir subie, l’a conduit à désactiver l’ensemble des services d’une solution qui équiperait 23 000 clients (médecins généralistes, cabinets de santé, sages-femmes…).

Depuis le 14 novembre, le logiciel a été en partie remis en route. « Le service a été rétabli partiellement (…) avec un accès possible aux dossiers des patients grâce à une connexion sécurisée », précise au Monde un représentant du pôle de santé du Marais, situé en Vendée. Toutefois, mardi 18 novembre, ce dernier ne pouvait toujours pas « créer de nouveaux dossiers patients ni effectuer de facturation », et se contentait de fournir des « feuilles de soins papier ».