Des partenariats « gagnant-gagnant » face à des « défis communs » : Emmanuel Macron entame, jeudi 20 novembre à l’île Maurice, une tournée de cinq jours en Afrique avec l’ambition sans cesse réaffirmée de construire de nouveaux liens, sur fond de recul de l’influence française dans son ancien pré carré africain.

Le président français est attendu vers 13 heures, heure locale (10 heures à Paris) à Port-Louis, capitale de Maurice, voisine du territoire ultramarin français de la Réunion et synonyme de « success story » économique dans l’océan Indien, avec son PIB par habitant supérieur à 10 000 dollars, selon la Banque mondiale.

Il se rendra ensuite en Afrique du Sud, qui accueille samedi et dimanche le sommet du G20, puis au Gabon, où il rencontrera le nouveau président, Brice Clotaire Oligui Nguema, deux ans après le coup d’Etat qui a mis fin à la dynastie des Bongo, et en Angola pour un sommet Union africaine-Union européenne.

L’île Maurice, qui compte un peu plus de 1,2 million d’habitants, autrefois centrée sur la canne à sucre, s’est imposée comme un modèle de diversification économique en s’orientant vers le tourisme et les services financiers, même si les difficultés s’accumulent depuis ces dernières années.

« C’est un pays qui est sorti en trente ans de la pauvreté pour être aujourd’hui aux portes des pays à revenus élevés », « une success story dans laquelle les entreprises françaises et les Français prennent toute leur part », relève la présidence française.

Cette ancienne colonie française puis britannique, devenue indépendante en 1968, garde une solide tradition francophone, même si l’anglais y est la langue officielle. Quelque 15 000 ressortissants français y résident, selon l’Elysée.

Emmanuel Macron, qui rencontrera jeudi soir le premier ministre, Navin Ramgolaam, en tête-à-tête, ambitionne de rehausser une relation politique un peu distendue plus de trente ans après la dernière visite d’un président français, François Mitterrand, en 1993.

Un rendez-vous d’autant mieux venu que le pays voisin, Madagascar, vient de connaître un coup d’Etat ayant ravivé le ressentiment contre l’ancienne puissance coloniale française. L’exfiltration par Paris de l’ex-président Andry Rajoelina, annoncée par RFI, a indigné de nombreux Malgaches.

Le chef de l’Etat entend aussi réaffirmer la présence française dans le sud-ouest de l’océan Indien, face aux ambitions croissantes de la Chine, de la Russie et de l’Inde, en s’associant aux Etats de la région, notamment en matière de sécurité maritime.

Emmanuel Macron et Navin Ramgoolam se rendront vendredi sur un bâtiment de la marine française, le Champlain, qui participe à des opérations de surveillance avec les gardes-côtes mauriciens dans un contexte de trafics (drogue, pêche illicite, migrations illégales) accrus dans la zone. L’Agence française de développement doit, de son côté, signer des accords visant à sécuriser le réseau électrique mauricien, face aux aléas climatiques de plus en plus violents que connaît l’île, et à moderniser le secteur de l’eau.

A chaque étape de sa tournée, le président va « promouvoir des solutions économiques dans un partenariat gagnant-gagnant au service de nos entreprises, au service des Français, au service des pays africains », assure l’Elysée.

Les entreprises françaises espèrent ainsi participer à la diversification de l’économie gabonaise, jusqu’ici largement centrée sur le pétrole, notamment dans l’exploitation de minerais, selon Paris. En Afrique du Sud, Emmanuel Macron assistera au lancement d’un conseil d’affaires franco-sud-africain sur le modèle de celui qui existe déjà au Nigeria.

Mais cette nouvelle politique africaine, gravée dans le marbre lors du discours présidentiel de Ouagadougou en 2017 et marquée par la volonté de se distancier de l’héritage de la France coloniale (la « Françafrique »), peine à se concrétiser.

La volonté de se tourner vers l’Afrique anglophone est souvent mal perçue par les pays francophones du continent. Tout comme celle de s’adresser directement à la jeunesse et à la société civile sans convier de chefs d’Etat africains, à l’image du sommet Afrique-France de 2021 à Montpellier.

Des postures mal comprises, voire jugées paternalistes, au moment où l’armée française, engagée dans une opération antidjihadiste, était boutée hors du Sahel face à la montée du sentiment antifrançais. Parallèlement, la part des échanges franco-africains a reculé dans le commerce africain global.

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