La veuve du journaliste dissident Jamal Khashoggi, assassiné en 2018 par des agents saoudiens, s’est dite, mercredi 19 novembre, « bouleversée » par les propos tenus la veille par Donald Trump alors qu’il recevait Mohammed Ben Salman à la Maison Blanche. Interrogé par des journalistes, le président américain avait pris la défense du prince héritier saoudien, pourtant considéré par la CIA comme l’un des instigateurs de l’assassinat. Il avait aussi qualifié Jamal Khashoggi de personne « extrêmement controversée ».
« Cela m’a beaucoup bouleversée, et j’ai été déçue », a déclaré Hanan Elatr Khashoggi dans un entretien avec l’Agence France-Presse, soulignant que Donald Trump était « mal informé » au sujet de son époux. « Jamal Khashoggi était un homme stable, courageux, transparent et un journaliste professionnel », a-t-elle ajouté.
Le président américain a défendu avec vigueur le prince héritier saoudien, qu’il a reçu à la Maison Blanche avec tous les honneurs, disant que Mohammed Ben Salman « n’était au courant de rien ». Les services de renseignement américains ont pourtant pointé sa responsabilité directe dans l’assassinat du journaliste.
Mme Khashoggi s’est encore dite « choquée » par l’attitude du président américain tentant de « faire taire » la journaliste de la chaîne ABC qui posait une question à ce sujet, ainsi que par la manière dont son mari avait été présenté, « comme s’ils parlaient de quelqu’un d’autre ».
Résidant aux Etats-Unis, critique du pouvoir saoudien après en avoir été proche, Jamal Khashoggi a été tué dans le consulat saoudien à Istanbul (Turquie) par des agents venus d’Arabie saoudite. Son corps, démembré, n’a jamais été retrouvé.
La veuve du journaliste, qui a obtenu l’asile politique aux Etats-Unis, a confirmé avoir écrit à Donald Trump avant la visite du prince héritier, afin qu’il l’aide à obtenir réparation, mais elle n’a pas reçu de réponse.
Dans un message publié sur X mardi, après que le prince héritier eut parlé d’une « énorme erreur » concernant l’assassinat du journaliste, elle avait demandé de le rencontrer afin qu’il « présente ses excuses et [l]’indemnise pour le meurtre de mon mari ».
« Malheureusement, je n’ai aucune réponse de leur part », a-t-elle dit, affirmant vouloir « retrouver les restes » de son mari afin de « l’enterrer avec dignité et demander des excuses officielles et une réparation financière ».
Interrogée sur le faste de la visite à Washington de « MBS », qui a conclu avec les Etats-Unis nombre de juteux contrats, elle a répondu que son mari, « s’il avait été là, en aurait été heureux ». Mais « je suis très déçue de voir que l’Amérique renonce à ses valeurs : les droits de l’homme et la démocratie », a-t-elle ajouté.